2 - Causes et atténuation

À ce jour, l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère a déjà entraîné une élévation de la température moyenne sur la Terre de 1,1 °C. Pour limiter le réchauffement climatique, il faut agir dès maintenant.

Dans ce chapitre, vous découvrirez :

  • les scénarios sur l’évolution du climat d’ici la fin du siècle ;
  • les principales sources de gaz à effet de serre ;
  • différents leviers d’action sur les causes du changement climatique ;
  • les solutions individuelles et collectives pour atténuer le changement climatique.
  • Objectif :

    comprendre les causes du changement climatique et les leviers d’action permettant de l’atténuer.

  • Durée :

    1 h 15

Partie 1 sur 5 : 1 - L'atténuation du changement climatique

Introduction et définition

La progression du changement climatique dépendra de la quantité de GES que nous émettrons et qui continuera à s’accumuler dans le futur.

Pour lutter contre cette évolution du climat, le premier moyen est de diminuer massivement la quantité de gaz à effet de serre produits par l’homme. C’est ce qu’on appelle l’atténuation.​

L’atténuation du changement climatique, c’est donc l’utilisation de différents leviers d’action pour réduire très fortement nos émissions. Nous pouvons agir individuellement et collectivement.

  Regardez la vidéo ci-dessous, Céline Guivarch explique l’atténuation du changement climatique dans le rapport du GIEC (2 min 16 s).

Partie 2 sur 5 : 2 - Le climat de demain

Partie 2 sur 5, sous-partie 1 sur 2 : a. Les scénarios

Nos actions d’aujourd’hui auront des conséquences directes sur le climat de demain.

Pour orienter les décisions des États en matière de politique environnementale, le GIEC a synthétisé cinq scénarios possibles de l’évolution du climat tout au long du 21e siècle en fonction de la trajectoire d’émissions de GES :

  • un scénario optimiste qui donne un réchauffement limité à 1,5 °C grâce à une réduction massive et rapide des émissions de GES pour atteindre la neutralité carbone autour de 2050. Ce scénario s’inscrit dans l’objectif fixé par l’Accord de Paris lors de la COP21 en 2015 ;
  • trois scénarios intermédiaires envisageant un réchauffement autour de 1,8 °C, 2,7 °C et 3,6 °C ;
  • un scénario très pessimiste qui donne un réchauffement autour de 4,4 °C d’ici à 2100. Dans ce scénario, le développement reste basé sur une forte utilisation des énergies fossiles et les niveaux d’émissions de CO2 continuent d’augmenter fortement jusqu’à être deux fois supérieurs aux niveaux actuels en 2050.

 Regardez la vidéo suivante d’Anatole Chouard qui présente en détail les scénarios du GIEC (1 min 45 s).

Partie 2 sur 5, sous-partie 2 sur 2 : b. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

L’Accord de Paris, signé en 2015, fixait comme objectif de « maintenir l’augmentation de la température mondiale bien en dessous de 2 °C et de poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C » par rapport aux niveaux préindustriels.

L’atténuation, c’est-à-dire la diminution massive de nos émissions de GES, est une condition nécessaire pour tenir cet engagement. Concrètement, pour limiter le réchauffement climatique à 1.5 °C, il faudrait réduire les émissions mondiales de CO2 de 50 % d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone autour de 2050.

La neutralité carbone est définie comme un équilibre entre les émissions de carbone et l’absorption d’une quantité équivalente par des puits de carbone.​

Pour atteindre la neutralité carbone en pratique, il faut réduire drastiquement les émissions de tous les GES et compenser les émissions de CO2 difficilement évitables par des puits de carbone (absorption supplémentaire par les sols et les forêts, technologies de capture et stockage du carbone, etc.).
On estime que dans un monde neutre en carbone, on émet moins de 2 tonnes équivalent CO2 de GES par habitant (tCO2eq/hab) par an. Il est à noter que la neutralité carbone au niveau mondial permettrait de stabiliser très vite le climat, mais cela ne permettrait pas un retour en arrière. En effet, le CO2 déjà accumulé dans l’atmosphère ne disparaîtra qu’à long terme.​​

À ce jour, compte tenu des actions déjà mises en œuvre, nous nous dirigeons vers un monde aux alentours de + 3 °C  environ en 2100.​

[Crédit 3]

 Regardez la vidéo de Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, Quel monde avec 1,5 °C en plus ? ​(0 min 45 s).

Partie 3 sur 5 : 3 - Les sources d'émissions de GES

Sous-partie 1 sur 4 : a. Par pays​

Les quantités de GES émis dans le monde sont différentes selon les pays.

Nous avons déjà évoqué les émissions cumulées par chaque pays depuis le début de l’ère industrielle (se référer au chapitre Le changement climatique). Observons la situation actuelle.

Si on se focalise sur les émissions totales de chaque pays, voici les dix pays qui émettent le plus de CO2 dans le monde en 2020.

 Les émissions de CO2 par pays en 2020, en millions de tonnes (Mt).


[Crédit 5]

Ce graphique permet d’illustrer les émissions de CO2 de chaque pays mais ne tient pas compte des écarts de population. Par exemple, la Chine est le plus gros émetteur mondial, mais c’est aussi le pays le plus peuplé.​
À l’inverse, les États-Unis émettent plus de GES que l’Inde alors que leur population est nettement moins importante. ​

Si on prend en compte les émissions moyennes par pays et par habitant, le classement des pays les plus émetteurs est très différent.

 Carte interactive des émissions de CO2 par habitant, entre 1990 et 2020. Vous pouvez utiliser le curseur pour changer l’année et voir les émissions de chaque pays.​

[Crédit 6]

Sur cette carte, on observe que les pays les plus émetteurs par habitant sont principalement les pays les plus riches (États-Unis, Australie, Canada, etc.) et ceux dont l’économie repose sur la production d’énergies fossiles (pays du Golfe, Russie, etc.). ​

Partie 3 sur 5, sous-partie 2 sur 4 : b. L’exemple de la France​

L’exemple de la France : que répondre à ceux qui affirment que la France ne représente qu’1 % des émissions mondiales ?​

En 2021, la France a émis 418 MtCO2eq de GES sur son territoire, soit approximativement 1 % de l’ensemble des émissions mondiales. Cela peut paraître peu. C’est d’ailleurs un argument souvent avancé pour justifier une modération des mesures de lutte contre le changement climatique. ​

​Cependant, cet argument du 1 % mérite d’être contesté pour plusieurs raisons.

  • ​Les émissions territoriales : lorsque l’on comptabilise les émissions produites en France, on obtient une moyenne de 6,2 tCO2eq par habitant. C’est déjà beaucoup trop par rapport à l’objectif de 2 tonnes nécessaire pour atteindre la neutralité carbone.​
  • Les émissions de GES importées : ​la France achète énormément de biens de consommation produits à l’étranger. Si l’on ajoute aux émissions territoriales celles issues de ces importations, on atteint 9 tCO2eq/hab. C’est plus que la moyenne mondiale (6,3 tCO2eq) et près de cinq fois l’objectif visé par l’Accord de Paris (2 tonnes).​​
  • Les émissions historiques de la France : ​​notre responsabilité historique est encore plus importante, avec 2,34 % des émissions mondiales de CO2 depuis le 19e siècle. Nous sommes le 8e plus gros émetteur historique.​

​L’argument du 1 % est donc trompeur car, comme expliqué ci-dessus, il masque une partie de la réalité. Il ne faut donc pas s’appuyer sur ce chiffre mais au contraire agir dès maintenant pour diminuer les émissions de GES. ​

De façon générale, les pays développés induisent des émissions de GES dans les pays en développement en lien avec leurs importations. La prise en compte des émissions liées aux importations renforce la responsabilité des pays développés dans les émissions mondiales.​

Les émissions territoriales​

​C’est la quantité de GES émise à l’intérieur d’un pays par ses activités économiques (production de biens, chauffage, transports, etc.).

L’empreinte carbone​ ou empreinte GES

C’est la somme des émissions de GES émises par l’activité économique intérieure d’un pays et de celles émises à l’étranger pour la fabrication des produits importés.​ À cela, il faut enlever les émissions liées aux produits exportés.​

Empreinte carbone = émissions territoriales + émissions importées – émissions exportées ​

Que nous apprend l’empreinte carbone ?​

De façon générale, les pays développés exportent leur pollution dans les pays en développement.

La prise en compte des émissions liées aux importations fait apparaître la responsabilité encore plus forte des pays développés dans les émissions mondiales.

En France, l’empreinte carbone d’un habitant est presque deux fois supérieure à ses émissions territoriales (c’est-à-dire hors émissions liées aux exportations). Cela signifie que les Français importent beaucoup de ressources et de biens de consommation qui sont sources de GES.

Comment les scientifiques estiment-ils ces émissions de GES ? ​

 Regardez la vidéo Mesurer les émissions nationales de World Meteorological Organization – WMO (2 min 33 s).​

Partie 3 sur 5, sous-partie 3 sur 4 : c. Par secteur d'activité

Toutes les activités humaines émettent des gaz à effet de serre. Elles sont en particulier consommatrices d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel), sources d’émissions de CO2.

Au niveau mondial, la production d’énergie est le secteur d’activité le plus émetteur (principalement production d’électricité à partir de charbon et de gaz) avec 33 %.​
Viennent ensuite les secteurs consommateurs d’énergie finale encore largement basée sur des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) :

  • l’industrie (24 %) ;
  • les transports (15 %) ;​
  • le bâtiment (6 %).

Le secteur de l’agriculture, foresterie et autres usages des terres, est responsable de 22 % des émissions de GES : émissions de CO2 dues à l’usage des terres et aux changements d’usage des terres (par exemple la déforestation), émissions de méthane (CH4) [par exemple les rejets des bovins], émissions de protoxyde d’azote (N2O) [par exemple les engrais azotés].

Total des émissions de GES en 2019 dans le monde​


Total des émissions de GES en 2019 en France​


[Crédit 8 – 9]

En France, les secteurs d’activité qui émettent le plus de gaz à effet de serre sont :​

  • les transports (31 %) ;
  • l’industrie (19 %) ;
  • l’agriculture (19 %) ;​
  • le bâtiment (17 %).​

Les secteurs de l’énergie et des déchets émettent respectivement 10 % et 4 % de GES.

​Parmi les transports, les voitures individuelles sont responsables de 52 % des émissions et les poids lourds de 25 %.​

En France, la répartition des émissions de GES est assez différente de la répartition mondiale. Par exemple, la production d’énergie n’émet que 10 % de l’ensemble des GES (33 % au niveau mondial), car plus de 90 % de la production électrique est décarbonée (67 % nucléaire, 13 % hydraulique, 8 % éolien, 2,5 % solaire, etc. en 2020).​

Si cette production d’électricité (mix électrique) est majoritairement décarbonée, en revanche, la consommation totale d’énergie (mix énergétique) dépend encore à plus de 60 % des énergies fossiles (pétrole et gaz).

Il est donc important de distinguer : ​

Partie 3 sur 5, sous-partie 4 sur 4 : d. Calculez votre empreinte carbone​

 

[Crédit 10]

Si l’on peut identifier les pays et les secteurs d’activités les plus émetteurs de GES, on peut également calculer son empreinte carbone à titre individuel. ​

Regardez la vidéo Calculer son empreinte carbone et la réduire (58 s).​

Connaissez-vous votre empreinte carbone ?​

Calculez-la en 10 minutes à l’aide de l’outil réalisé par l’Agence de la transition écologique (ADEME) sur le site Nos gestes Climat (nouvel onglet)​.​

Vous y trouverez :​

  • un tutoriel ​;
  • le test pour calculer votre empreinte carbone​ ;
  • des propositions de solutions à l’issue de votre test grâce au parcours action.​

​Il est également possible de passer le test en groupe.​

[Crédit 12]

Partie 4 sur 5 : 4 - Les leviers d'atténuation

Sous-partie 1 sur 2 : a. Réussir la transition énergétique

Nous l’avons vu, nous ne sommes pas sur la bonne voie pour limiter le changement climatique bien en dessous de 2 °C. Mais les solutions existent ! Elles sont résumées dans un rapport publié par le GIEC en 2022.​

​L’usage des énergies fossiles est la première source d’émissions de GES (principalement du CO2) dans le monde. Le premier levier pour atténuer le changement climatique consiste donc à réduire drastiquement leur usage et réussir la transition énergétique. ​

​L’objectif de cette transition est d’inverser la tendance actuelle, en ramenant la part des énergies fossiles au minimum (sortie du charbon, réduction massive du pétrole et du gaz) et en les remplaçant par des énergies décarbonées.

Regardez cette vidéo dans laquelle des scientifiques alertent sur la consommation actuelle des énergies fossiles. (1 min 50)​

 Consommation mondiale d’énergie par source​​


[Crédit 14]

Le graphique ci-contre montre que les sources d’énergie (charbon, gaz, pétrole, nucléaire, hydro-électricité…) se diversifient dans le temps depuis 1850. Cependant, elles ne font que s’additionner.​

Pour réduire les émissions de CO2, il faut donc impérativement :

  • ramener la consommation d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) au minimum ;​
  • accroître massivement les énergies décarbonées (électricité solaire, éolienne, etc.) ;​
  • électrifier les usages dans tous les secteurs (procédés industriels, pompes à chaleur, véhicules électriques, etc.).

Énergie renouvelable ou énergie décarbonée ? ​

Les énergies renouvelables sont renouvelées en continu par la planète. C’est le cas des énergies solaire, éolienne, de la biomasse, etc.​

Une énergie décarbonée n’est pas forcément une énergie renouvelable. Par exemple, l’énergie nucléaire consomme de l’uranium comme combustible, qui ne se reconstitue pas naturellement.​

Partie 4 sur 5, sous-partie 2 sur 2 : b. Agir sur nos modes de consommation​

En plus d’une transition énergétique indispensable, l’atténuation du changement climatique nécessite de changer en profondeur nos modes de production/consommation dans tous les secteurs (transport, logement/bâtiments, alimentation, biens de consommation) pour réduire nos besoins en énergie et décarboner les usages.​

Pour y parvenir, deux conditions doivent être réunies : ​

  1. Mettre en place des leviers d’action collective (en matière de norme et d’organisation sociales, d’infrastructures, de développement de technologies, etc.) ; ​
  2. Procéder à des changements de comportements individuels.​

Voici quelques exemples concrets :​

Dans le domaine du transport
Leviers d’action collectifs​ Leviers d’action individuels
Construire des infrastructures de transports en commun ; généraliser le télétravail. Je privilégie le tramway ou le métro plutôt que la voiture pour mes trajets quotidiens ; j’opte pour un véhicule électrique au moment de changer de voiture.
Dans le domaine du logement
Leviers d’action collectifs​ Leviers d’action individuels
Mettre en place un plan massif de rénovation thermique des logements ; améliorer les designs des logements collectifs/individuels. Si mon logement est correctement isolé, je baisse mon chauffage d’1 °C.
Dans le domaine de l’alimentation
Leviers d’action collectifs​ Leviers d’action individuels
Mettre en place des menus végétariens dans la restauration collective. Si j’ai le choix, je remplace la viande par des protéines végétales à certains repas.

Pour résumer, il y a : ​

  • des leviers collectifs (pouvoirs publics, collectivités, entreprises, etc.), qui doivent permettre aux individus d’avoir accès à des modes de consommation et à des options moins énergivores et moins émetteurs de GES ; ​
  • des leviers individuels, qui doivent conduire les citoyens à choisir parmi ces modes de consommation et ces options moins énergivores et émetteurs de GES. ​

Il est impératif de réduire nos consommations d’énergie dans tous les secteurs. Dans son dernier rapport, le GIEC résume une stratégie qui repose sur trois piliers : éviter, modifier, améliorer. ​

Découvrez en retournant les cartes, en quoi consiste ces trois piliers. ​​

Voici en images des exemples d’atténuation impliquant à la fois l’action collective et l’action individuelle.​

Regardez la vidéo Électricité, chauffage : quand les citoyens se prennent en main (3 min 16 s)​. ​

De plus en plus de Français réfléchissent et investissent ensemble pour produire des énergies décarbonées et renouvelables. Dans certaines villes, les habitants financent des panneaux solaires ou l’achat d’une chaudière à bois. ​

Regardez la vidéo sur la rénovation énergétique d’un habitat collectif (1 min 42 s).​​ ​

La rénovation énergétique des bâtiments est un levier d’atténuation, que ce soit pour les logements individuels ou l’habitat collectif. L’échelle n’est évidemment pas la même et les coûts sont donc importants, mais ils génèrent aussi des bénéfices directs pour les locataires.​

Partie 5 sur 5 : 5 - Les enjeux socio-économiques de la transition climatique

Sous-partie 1 sur 4 : a. L’action sera moins coûteuse que l’inaction !​

​Comme nous l’avons vu, l’atténuation du changement climatique nécessite des changements profonds qui auront probablement un coût.​
Mais celui-ci apparaît faible lorsqu’on le compare au coût de l’inaction ! ​
​Selon les scientifiques, nous pourrions réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre (GES) pour un coût équivalent à environ 2 % du PIB.

Il existe de nombreuses options de réduction des émissions à coûts faibles dans tous les secteurs.

La production d’électricité est responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre, car elle utilise massivement les énergies fossiles (charbon, gaz). Or l’utilisation des énergies renouvelables permet d’atténuer considérablement les émissions. Les énergies solaire et éolienne en particulier ont un potentiel d’atténuation des réductions des GES important. ​

​Le développement des énergies vertes a aussi un intérêt économique, car leur coût (construction, exploitation, maintenance, recyclage, etc.) diminue à mesure qu’elles se développent. Pour certaines filières renouvelables, le coût est devenu comparable, voire parfois inférieur, à celui des énergies fossiles. ​

​En déployant les technologies bas-carbone, on entre dans un cercle vertueux : plus on développe ces technologies, plus leur prix baisse, plus on les utilise.

On entend beaucoup parler de sobriété. Mais de quoi s’agit-il ? ​

​Dans son rapport de 2022, le GIEC a donné la définition suivante : ​

« La sobriété est un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau tout en assurant un niveau de bien-être suffisant pour tous. » ​

​Si l’on se réfère aux trois piliers évoqués précédemment, la sobriété correspond aux volets « éviter » et en partie « modifier ». ​

​La sobriété, ce n’est pas uniquement des changements de pratiques individuelles. C’est d’abord une organisation et des leviers collectifs pour réduire les besoins en énergie tout en conservant un niveau de bien-être suffisant pour tous. ​​

Découvrez dans la vidéo ci-dessous un exemple de levier d’atténuation mis en place par la ville de Malaunay (2 min 50 s).​ ​

La Ville de Malaunay (Seine-Maritime) a engagé une dynamique territoriale de sobriété dans le cadre de ses propres actions (sobriété foncière, etc.), en engageant ses agents (défi) et les habitants (opération « La Transition prend ses quartiers »).​


[Crédit 18]

Selon le ministère de la Transition énergétique, les énergies renouvelables représentaient 19,3 % de la consommation finale brute d’énergie en France en 2021. C’était 13 % en 2017.​

Leur poids dans l’économie française a aussi augmenté. En 2019, elles étaient à l’origine de 10,1 Md€ d’investissements et de 80 000 emplois en équivalent temps plein.​

En plus de créer des opportunités économiques, l’atténuation du changement climatique coûte moins cher que les dommages qu’elle permet d’éviter. ​

Toute l’économie est concernée par les risques climatiques. Réduire les émissions de GES, c’est éviter des dommages climatiques multiples (évènements extrêmes, sécheresse, canicule, montée du niveau des océans, perte de rendement agricole, impact sur les écosystèmes et la biodiversité, etc.) et leurs conséquences économiques. Selon l’ONU, le coût des catastrophes liées à des épisodes climatiques extrêmes a presque triplé en 20 ans.

​Enfin, l’atténuation du changement climatique produit des effets positifs dans d’autres domaines, comme celui de la santé. C’est ce qu’on appelle les « co-bénéfices ». ​

Par exemple, réduire les émissions de GES des voitures ou des centrales électriques au charbon, c’est aussi réduire la pollution de l’air, dangereuse pour la santé. ​Dans le monde, 4,2 millions de décès par an causés par la pollution de l’air extérieur (OMS).

Les politiques climatiques dans le domaine des transports peuvent conduire à des reports de la voiture individuelle vers les mobilités actives, comme le vélo ou la marche. En plus d’améliorer la qualité de l’air, ces modes de déplacement permettent d’encourager l’activité physique. Ils contribuent ainsi à faire baisser les risques de maladies respiratoires ou cardiovasculaires.​

Regardez l’extrait du reportage de Brut Comment limiter son impact lié aux transports (1 min 1 s).

Partie 5 sur 5, sous-partie 2 sur 4 : b. Des enjeux interconnectés ​

L’Organisation des Nations unies (ONU) s’est fixé 17 objectifs de développement durable d’ici 2030. Ces objectifs sont un ensemble de mesures qui doivent résoudre ou réduire les grands problèmes auxquels fait face l’humanité et qui sont liés à la pauvreté, aux inégalités, à la paix, à la justice, mais aussi à la dégradation de l’environnement et au réchauffement climatique. Tous ces objectifs sont interconnectés, car on ne lutte pas contre la pauvreté dans les pays du Sud sans combattre les causes climatiques de cette pauvreté.​

  • Pas de pauvreté
  • Faim zéro
  • Bonne santé et bien être
  • Éducation de qualité
  • Égalité entre les sexes
  • Eau propre et assainissement
  • Énergie propre et d'un coût abordable
  • Travail décent et croissance économique
  • Industrie, innovation et infrastructure
  • Inégalités réduites
  • Villes et communautés durables
  • Consommation et production responsables
  • Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
  • Vie aquatique
  • Vie terrestre
  • Paix, justice et institutions efficaces
  • Partenariats pour la réalisation des objectifs
  • Objectifs de développement durable

[Crédit 20]

Gros plan sur l’objectif 15 : « Vie terrestre »​

​Les forêts hébergent plus de 80 % des espèces terrestres d’animaux, de végétaux et d’insectes de la planète. Mais ce sont aussi 1,6 milliard de personnes – dont environ 70 millions de cultures autochtones en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie du Sud-Est – qui dépendent des forêts pour assurer leur subsistance.​

​Ces actions concrètes permettent à la fois de protéger les populations qui vivent directement de la forêt et d’atténuer les effets de la déforestation sur le réchauffement climatique :​

  • gérer de façon durable tous les types de forêt ;​
  • mettre un terme à la déforestation ;​
  • restaurer les forêts dégradées ;​
  • accroître considérablement le boisement et le reboisement au niveau mondial.​

Comment atteindre en même temps plusieurs objectifs de développement durable ?

Les objectifs de lutte contre le changement climatique, de lutte contre la faim et les inégalités, de protection de la biodiversité, etc. sont tous importants. Malheureusement, certaines mesures d’atténuation du réchauffement climatique peuvent entrer en conflit avec un autre objectif. ​

Pour éviter les conflits, les actions d’atténuation doivent prendre en compte les objectifs de développement durable dans leur diversité et leurs interactions. L’atténuation peut avoir des impacts positifs, comme nous l’avons vu sur la santé, mais aussi des impacts négatifs. ​

Par exemple, la construction d’une infrastructure de transports peut conduire à artificialiser un espace naturel et à affecter les espèces qui y vivent. Quant à l’exploitation du lithium, minéral indispensable aux batteries des voitures électriques, elle peut se faire au détriment de l’environnement et des populations qui vivent près de la mine.​

Tout l’enjeu est de réussir à concilier ces enjeux sociaux, économiques et environnementaux. ​

Comment concilier lutte contre le réchauffement climatique, protection de la biodiversité et consommation/production responsables ?

​Le 6 décembre 2022, le Parlement européen et les États membres de l’Union européenne (UE) ont trouvé un accord pour interdire l’importation de plusieurs produits quand ils participent à la déforestation.

Regardez la vidéo ci-dessous qui présente l’accord européen sur l’importation de produits issus de la déforestation (1 min 39 s).​

Pourquoi le changement climatique menace-t-il la sécurité alimentaire mondiale ?​

Selon le GIEC, le changement climatique réduit les rendements de cultures (notamment des céréales) dans certaines régions du monde. Il perturbe également les ressources en eau et le marché des produits agricoles.​

Là aussi, les populations les plus touchées par ces problèmes sont celles des pays du Sud. La sécurité alimentaire est donc menacée à la fois par les mauvaises récoltes, la baisse de la qualité des produits agricoles et l’instabilité des prix.​

Au Sahel, par exemple, on estime que d’ici à 2050, les productions céréalières diminueront de 20 % à 50 %, si on ne parvient pas à atténuer les effets du réchauffement climatique.​

L’accord européen pour lutter contre la déforestation impose aux entreprises de prouver la traçabilité des produits qu’elles importent. C’est-à-dire leurs conditions de production et de transformation.

Cet accord concerne plusieurs produits parmi les plus commercialisés du monde comme le café. Deux cultures sont responsables d’une grande partie de la déforestation : le soja au Brésil qui est destiné à l’alimentation du bétail, notamment en Europe, et le palmier à huile en Asie du Sud-Est qui entre dans la fabrication du carburant et est massivement employé par l’industrie agroalimentaire. L’accord interdit l’importation de ces produits seulement s’ils ont été cultivés sur des terres défrichées après décembre 2020.​

Hélas, l’accord ne protège pas la savane brésilienne (le cerrado) et ne garantit pas assez le traitement équitable des populations qui vivent dans la forêt. Pour mémoire, l’Europe est responsable de 16% de la déforestation.​

Avec cet accord, on vise trois objectifs : ​

  • lutter contre le réchauffement climatique ;​
  • protéger la biodiversité ;​
  • promouvoir une consommation et une production responsables.​

Partie 5 sur 5, sous-partie 3 sur 4 : c. Finance, emploi et transformations socio-économiques​

Pourquoi la lutte contre le changement climatique va-t-elle bouleverser nos industries et nos emplois ?​

​​La réduction de l’usage des énergies fossiles va entrainer le déclin des industries qui en dépendent ; par exemple dans la production d’énergie ou dans les transports.

L’Union européenne vient, par exemple, de décider d’arrêter la vente de voitures à moteur thermique pour 2035. Toutes les voitures à essence ou au diesel sont concernées. Le transport est en effet l’une des activités les plus émettrices de GES en Europe.​

Regardez l’extrait vidéo de « C à vous » pour comprendre la situation (2 min 24 s).​​

En plus des emplois directs dans le secteur automobile, ce sont aussi des emplois indirects qui sont touchés : fonderies, stations-services, garages, raffineries, etc. ​

Pour autant, si l’impact d’une telle décision est modéré par les nouveaux emplois générés dans le secteur automobile électrique (production de batteries, de bornes de recharge, etc.), il peut surtout être compensé par des créations d’emplois dans un autre secteur essentiel pour réduire nos émissions : la rénovation énergétique des bâtiments.​

Le défi des pouvoirs publics est d’organiser cette transition, en accompagnant les entreprises et les salariés concernés, en adaptant l’offre de formation, en planifiant les requalifications. ​
Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), la lutte contre le changement climatique permettra de créer 18 millions d’emplois de plus que le nombre qu’elle détruira dans le monde, même si toutes les régions ne sont pas affectées de manière identique. ​

Enfin, pour atteindre la neutralité carbone, il faut des investissements supplémentaires pour le climat, que nous avons les moyens de financer. Mais il s’agit surtout d’envoyer un signal clair à notre économie en réduisant les investissements dans les énergies fossiles et en augmentant ceux dans les projets décarbonés.

Regardez la vidéo concernant l’évolution des investissements climat et fossiles, ainsi que des besoins de la France pour atteindre la neutralité carbone (1 min 24 s).

Partie 5 sur 5, sous-partie 4 sur 4 : d. Équité​

Pourquoi l’équité est un enjeu de la lutte contre le changement climatique ?​

La lutte contre le changement climatique ne doit pas négliger son propre effet sur les inégalités, la pauvreté et la précarité. La première source d’inégalité vient du fait que les impacts du changement climatique ne sont pas répartis de manière équitable. Les pays et les individus les plus pauvres sont les plus vulnérables et les plus durement touchés par les effets du changement climatique, alors qu’ils contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre : les 10 % les plus riches émettent 40 % des émissions mondiales. Ces disparités de responsabilité et d’empreinte carbone s’observent aussi au sein d’un même pays : selon l’ADEME, les ménages les plus aisés peuvent émettre directement deux fois plus de GES que les plus modestes, et cela peut aller jusqu’à quatre fois plus sur les émissions indirectes (l’achat de produits et de services). C’est ce que l’on constate sur le graphique ci-dessous.

Par ailleurs, les politiques d’atténuation visant à réduire les émissions de GES peuvent avoir des impacts économiques contrastés sur les différents pays et les différentes populations. Au sein des pays, ces politiques d’atténuation peuvent avoir des effets plus importants sur les ménages à faibles revenus qui ont moins de moyens pour acheter des biens et des services décarbonés plus chers ou pour changer leur mode de vie. De plus, les pays en développement ont souvent besoin de croissance économique pour sortir de la pauvreté, mais la réduction des émissions de gaz à effet de serre pourrait ralentir leur développement économique. Cette notion d’équité internationale apparaît dans les négociations sur le climat depuis 1992 et figure dans l’Accord de Paris : « l’action et la riposte face aux changements climatiques et les effets des changements climatiques sont intrinsèquement liés à un accès équitable au développement durable et à l’élimination de la pauvreté. »

Par conséquent, pour atteindre des objectifs d’atténuation du changement climatique de manière équitable, il est important de tenir compte de ces disparités et de mettre en place des politiques qui tiennent compte des différentes réalités économiques et sociales. Les politiques doivent être conçues de manière à minimiser les coûts pour les populations les plus vulnérables et à soutenir les pays en développement dans leur transition vers des économies bas-carbone.

Émissions annuelles de GES des ménages français
selon le niveau de vie par décile (D)​


[Crédit 24]

Pour finir, regardez la vidéo ci-dessous qui explique en quoi les plus modestes sont plus touchés par le changement climatique (2 min 39 s).​