3 - Conséquences et adaptation

Les différentes régions du monde sont déjà confrontées aux conséquences directes et indirectes du changement climatique. Selon l’exposition et la vulnérabilité des populations, les risques sont plus ou moins importants.

Dans ce chapitre, vous découvrirez :

  • les notions de risques climatiques, d’enjeux vulnérables et d’aléas climatiques ;
  • l’aggravation des risques climatiques ;
  • les conséquences directes et indirectes du changement climatique ;
  • les leviers d’action sur les conséquences du réchauffement climatique.
  • Objectif :

    comprendre les effets du changement climatique, les possibilités d’adaptation et de résilience.

  • Durée :

    1 h 30

Partie 1 sur 4 : 1 - Les effets du changement climatique​

Le changement climatique est aujourd’hui une réalité indiscutable. L’augmentation des émissions de GES dues aux activités humaines a perturbé l’ensemble du système climatique : les températures sont en hausse, le niveau des mers s’élève, les océans se réchauffent et s’acidifient, la calotte glaciaire fond…

Toutes ces perturbations génèrent des conséquences majeures pour les populations et les écosystèmes.

Un constat s’impose : les effets du changement climatique sont désormais visibles dans toutes les régions du globe.
Observons ces effets dans le monde, en Europe et en France.

Sous-partie 1 sur 3 : a. Dans le monde

Les conséquences directes du changement climatique

Parmi les conséquences directes du changement climatique à l’échelle mondiale, on note la modification de la fréquence et de l’intensité de certains phénomènes météorologiques (canicules, sécheresses, fortes précipitations, inondations).

Comme le montre la carte ci-dessous, ces 20 dernières années, le nombre de catastrophes naturelles, dont les évènements climatiques extrêmes, ont augmenté significativement.​

L’Asie est particulièrement touchée :

  • 577 en Chine ;​
  • 321 en Inde ;​
  • 304 aux Philippines ;​
  • 278 en Indonésie.​

Observez la carte des catastrophes naturelles de ces 20 dernières années, par pays.​


Les autres continents ne sont pas épargnés. En Amérique, par exemple, les États-Unis ont enregistré 467 évènements extrêmes sur la même période.

Le GIEC définit une catastrophe comme la grave perturbation d’une population ou d’une société résultant de la combinaison entre un phénomène physique dangereux et des conditions de vulnérabilité sociale. L’ensemble se caractérise par de vastes effets indésirables (humains, matériels, économiques ou environnementaux).

Les infographies ci-dessous comparent deux périodes de 20 ans et mettent en évidence une évolution marquante : les catastrophes naturelles, presque dans leur totalité, sont devenues beaucoup plus fréquentes. Elles ont évolué sous l’effet du changement climatique et touchent désormais des zones qui étaient jusque-là épargnées, partout dans le monde.

[Crédit 2]

Types de catastrophes climatiques et fréquence​ :

  • les inondations et les tempêtes dominent pour ce qui est de la fréquence et continuent d’augmenter ;​
  • les températures extrêmes (froid/chaud) enregistrent une augmentation de leur fréquence, elles peuvent survenir aux saisons intermédiaires (en dehors de l’été pour les canicules et de l’hiver pour les vagues de froid), ce qui n’était pas le cas avant.​

Conséquences humaines et économiques :

  • les vagues de chaleur sont les plus meurtrières, causant un nombre élevé de décès ;
  • les inondations et tempêtes engendrent les plus grandes pertes économiques.​

Les évènements climatiques extrêmes : des conséquences en cascade​

Si les évènements climatiques ont des conséquences directes facilement identifiables, ils ont aussi des impacts indirects parfois moins visibles. Ils sont cependant bien réels, que ce soit sur la santé, l’économie ou les infrastructures.

Quelles sont les conséquences sanitaires, économiques et financières du changement climatique ? Retournez les cartes pour le découvrir.

La fréquence de ces phénomènes climatiques extrêmes pourrait faire basculer 100 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté d’ici 2030.​

Certains modes de développement, notamment l’urbanisation rapide, augmentent les risques de catastrophe. L’Organisation des Nations unies estime que plus des deux tiers de la population mondiale vivront en ville à l’horizon 2050. D’après le rapport Aftershocks (2018), cette tendance pourrait mettre en danger 1,3 milliard de personnes et 158 000 milliards de dollars de biens, en raison des inondations fluviales et côtières.​

D’autres conséquences de ces phénomènes climatiques extrêmes sont redoutées : l’insécurité alimentaire et les pénuries d’eau, voire des conflits.

Regardez la vidéo de l’AFP sur la famine causée par le réchauffement climatique au Soudan du Sud (3 min 2 s).​

Les conséquences du changement climatique sont désormais concrètes. Selon le GIEC, ce sont entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes qui sont directement touchées par le changement climatique.

Sous-partie 2 sur 3 : b. En Europe

L’Europe n’est pas épargnée par les effets du changement climatique.

Cliquez sur les points de la carte pour découvrir des conséquences du changement climatique, ces dernières années, dans différents pays d’Europe.

[Crédit 4]

Selon le rapport 2023 de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), de l’agence météorologique des Nations unies, et du service Copernicus sur le changement climatique de l’Union européenne, l’Europe est confrontée à un réchauffement particulièrement rapide par rapport au reste du monde. Depuis les années 1980, le continent se réchauffe environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Cette situation fait de l’Europe le continent qui subit le réchauffement le plus accéléré.​

Les derniers étés, depuis 2022, sont ceux de tous les extrêmes, marqués par les sécheresses, les incendies ou les épisodes de canicule.​

Quand parle-t-on de sécheresse ?​

Il s’agit d’une « période anormalement sèche suffisamment longue pour causer un grave déséquilibre hydrologique […]. La sécheresse météorologique se définit comme une période présentant un déficit anormal des précipitations ». (Glossaire GIEC)​

En plus de l’insuffisance des précipitations, l’augmentation de l’évapotranspiration lors des périodes chaudes va provoquer une diminution d’humidité du sol. Les nappes d’eau souterraines peuvent alors être exploitées, mais ces ressources ne sont pas infinies. Les sécheresses touchent donc la végétation, les sols et les nappes phréatiques, les cours d’eau.

Lorsqu’elles sont sévères, les sécheresses peuvent avoir des conséquences directes sur une production agricole. L’irrigation peut alors constituer une solution, mais elle est limitée par la disponibilité en eau, elle-même compromise par le réchauffement climatique. Lorsqu’elles sont pluriannuelles, les sécheresses peuvent affaiblir la végétation, assécher les nappes phréatiques, voire déséquilibrer les écosystèmes.​

En Europe, les sécheresses impactent de nombreux domaines : l’environnement, mais aussi la santé, l’alimentation, les transports, etc.

Regardez la vidéo d’un village englouti par les eaux, qui refait surface 30 ans plus tard à cause de la sécheresse (2 min 32 s).​​

[Crédit 5]


Ces dernières années ont connu des sécheresses sévères.​

Ces périodes de sécheresse vont se multiplier et affectent dorénavant toute l’Europe :​

  • au sud de l’Angleterre, le mois de juillet 2022 a été le plus sec jamais enregistré ;​
  • les Pays-Bas ont décrété officiellement une « pénurie d’eau » et ont imposé des restrictions à l’agriculture et à la navigation en 2022 ;​
  • l’Espagne et le Portugal n’ont jamais été aussi arides depuis un millénaire ;​
  • la Roumanie a connu, en 2024, une longue sécheresse accompagnée d’une désertification de certaines régions.

En Europe, le monde agricole est particulièrement touché. Le manque d’eau généralisé a un impact direct sur le développement des cultures, que ce soient les arbres fruitiers, le maraîchage, les céréales ou les oléagineux, etc.​

Voici des exemples :

  • Dans l’Union européenne, en 2024, la production brute de céréales a chuté de 8,8 % par rapport à la moyenne des cinq années précédentes.​
  • Dans l’Union européenne, en 2024, la production de maïs a chuté encore plus fortement. Elle a baissé de 10,2 % par rapport à la moyenne des cinq années précédentes. ​
  • Selon le GIEC, le rendement du maïs baisserait de moitié à 3 °C de réchauffement climatique.​

​Ces difficultés des agriculteurs face à la sécheresse ont des conséquences directes sur la disponibilité ou le coût des denrées alimentaires pour l’ensemble des consommateurs européens.​

Le changement climatique modifie les caractéristiques des évènements climatiques. Par exemple, on peut observer, à un endroit donné, une période de sécheresse, en été, suivie d’une période de fortes pluies. Ces pluies violentes ruissellent et n’alimentent pas les nappes phréatiques, mais elles entraînent des inondations.​

Quand parle-t-on d’inondation ?​

Les inondations sont dues à des crues des rivières, des torrents de montagne et des cours d’eau intermittents méditerranéens, à des remontées de nappe, à des ruissellements urbains et agricoles ainsi qu’à des submersions marines au-delà des limites du rivage de la mer.​

Le climat qui évolue a aussi pour conséquence une augmentation de la fréquence et de l’intensité des précipitations en Europe, comme dans le reste du monde. Notre atmosphère plus chaude contient plus de vapeur d’eau engendrant de plus en plus d’inondations pluviales.​

Si les années 2022 et 2023 ont été marquées par de grandes sécheresses, l’année 2024 a connu d’importantes précipitations qui ont entraîné des inondations d’une intensité exceptionnelle en Europe et dans le monde. L’imperméabilisation des sols due notamment aux sécheresses et à l’artificialisation des sols ont accentué les effets du phénomène. C’est le cas dans la région de Valence.

Regardez la vidéo sur les inondations de la région de Valence en 2024 (3 min 8 s).​​​

Avec des impacts de plus en plus importants du changement climatique, les sociétés ont de plus en plus de difficultés à s’adapter. Avec des aléas climatiques plus fréquents et plus intenses, des sociétés de plus en plus exposées et vulnérables, il se dessine un cycle, une boucle négative qui aggrave les risques de catastrophes. Le défi est maintenant de sortir de cette boucle négative et de construire une boucle vertueuse.​

Sous-partie 3 sur 3 : c. En France

Projections climatiques​

Météo-France a produit de nouvelles projections climatiques de référence en France, en 2021. Elles dessinent un climat très différent dans les prochaines décennies. La France s’est déjà réchauffée de 1,7 °C depuis 1900. À la fin du siècle, la température annuelle moyenne pourrait alors être plus élevée de 3,8 °C par rapport à aujourd’hui, si les émissions de gaz à effet de serre restent inchangées.​

Les effets du changement climatique se présentent sous différentes formes. On observe, par exemple :​

  • des submersions marines au niveau des côtes de la France métropolitaine ;​
  • des îlots de chaleur dans les villes ;​
  • des crues et des inondations ;​
  • des cyclones et des ouragans plus intenses dans les Outre-mer ;​
  • une baisse de l’enneigement dans tous les massifs montagneux ;​
  • des feux de forêt, en particulier dans le sud de la France ;​
  • des sécheresses.​

Regardez la vidéo de Météo-France qui éclaire sur le climat en France jusqu’en 2100 (41 s).​

Les canicules

La France est de plus en plus touchée par des aléas climatiques. La multiplication des canicules en est un exemple.​

La canicule est définie comme un niveau de très fortes chaleurs, le jour et la nuit, pendant au moins trois jours consécutifs. La définition de la canicule repose donc sur deux paramètres : la chaleur et la durée.​

Les canicules sont un danger pour la santé​.

Les effets des canicules sur la santé humaine varient en fonction de l’humidité de l’air ou de la situation géographique. Au-delà de certaines limites, les conditions climatiques sont un danger pour la santé.

[Crédit 9]


[Crédit 10]

Les canicules peuvent aussi avoir des conséquences sur nos infrastructures de transport ou d’énergie.​
Dans le domaine ferroviaire, les rails peuvent monter en température et se dilater. En cas de plus fortes chaleurs, cette dilatation peut entraîner la déformation du rail de plusieurs centimètres, ce qui représente un véritable problème de sécurité pour la circulation des trains.

 Regardez la vidéo ci-dessous pour mieux comprendre le phénomène de la dilatation des rails (1 min 16 s).​

Pour s’adapter à ces évènements climatiques, la SNCF procède à des mesures régulières de la température des rails. Une réduction de la vitesse ou un arrêt des trains sur la ligne peuvent être envisagés pour prévenir les accidents.

La sécheresse​

En été 2022, la Bretagne, région qui ne souffre généralement pas de déficit pluviométrique, a été en alerte de niveau bas des nappes phréatiques.​

 Observez les cartes de la Bretagne sur l’état d’alerte des quatre départements.​

La carte de 2021 indique un état de vigilance pour deux départements (l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan). La carte de 2022 indique un état de crise pour les quatre départements bretons.

[Crédit 12-13]

Les phénomènes de sécheresse, lorsqu’ils sont combinés avec une vague de chaleur et à des vents, peuvent favoriser aussi d’autres phénomènes extrêmes : les incendies. Ce sont 90 % des feux qui sont d’origine humaine. Ils sont aggravés par la nature des boisements et leur gestion est complexifiée par le nombre croissant d’habitations dans les zones forestières. Les conditions propices aux incendies sont en augmentation dans le nord de la France.​

La France a connu de nombreux épisodes d’incendie qui ont détruit plusieurs dizaines de milliers d’hectares d’espaces naturels. Si ces phénomènes ne sont pas nouveaux, ils ont été particulièrement intenses en 2022, avec un record de 66 393 ha de forêts brulées (22 350 ha en 2023) et ont touché des zones géographiques qui ne le sont pas habituellement.​

La Bretagne ne fait pas exception. Une vague de sécheresse, exceptionnelle et inédite pour cette région, associée à des vents persistants, ont entraîné la destruction par incendies de près de 3000 ha de landes et de forêts en Bretagne pour l’année 2022.​

En revanche, le département du Var n’a pas vu d’augmentation de ses surfaces incendiées depuis plus de 20 ans alors que le climat a changé. Des mesures de protection et de prévention des incendies ont été mises en place.

 Regardez la vidéo de Ouest-France sur cet incendie des monts d’Arrée, dans le Finistère (2 min 38 s).

 Pour découvrir les principales conséquences de ces incendies, complétez le texte ci-dessous.

Les sécheresses ont aussi des effets indirects :​ elles fragilisent les constructions et provoquent des fissures dans les habitations.​ En effet, les phénomènes climatiques impactent certains sols, c’est notamment le cas pour les sols argileux. Quand il pleut longtemps, l’argile se gorge d’eau et augmente de volume (elle gonfle).​
Au contraire, en période de sécheresse, sa teneur en eau est faible et elle se rétracte.​

En France, ce sont plus de 10,4 millions de maisons qui sont potentiellement exposées à ce phénomène.​

Regardez le reportage de France 2 sur la canicule et ses effets sur les habitations (2 min 4 s).​

partie 2 sur 4 2 - Les risques climatiques

sous partie 1 sur 3 a. Définitions

Les risques font partie de l’histoire et de l’évolution de notre planète. Ils produisent des effets sur l’homme et l’environnement dans lequel il évolue. Parmi ces risques, certains sont d’origine climatique. L’une des conséquences du changement climatique est l’évolution du niveau de risque climatique.​

Mais qu’entend-on par risque climatique ?

 Regardez cette vidéo sur les inondations de 2024 dans le Nord-Pas-de-Calais (2 min 21 s).​

Cette vidéo nous présente les dommages causés par un phénomène climatique (un aléa) sur une population et des biens (les enjeux). Chaque année, des territoires subissent des inondations), des feux de forêts, des tempêtes. Les dégâts sont parfois très importants. Mais, face à ces aléas, les risques liés ne sont pas les mêmes. ​

Précisons la notion de risque à travers l’exemple d’inondation.

L’aléa​

Un épisode de pluie torrentielle (aléa climatique) peut être à l’origine d’une crue, c’est-à-dire d’un accroissement brutal du débit d’un cours d’eau. Cette crue peut entraîner une inondation. Ce phénomène naturel est appelé un aléa hydrologique.​

[Crédit 18]

Les enjeux​

Les populations, les biens, les activités économiques et les écosystèmes situés à proximité du cours d’eau sont plus ou moins exposés aux inondations. On parle d’enjeux exposés.​​

Selon leur capacité à se protéger, les enjeux exposés sont plus ou moins vulnérables face à ce danger d’inondation : ils peuvent être plus ou moins sensibles à l’eau et plus ou moins capables de répondre à l’inondation pour se prémunir des dommages.

[Crédit 19]

Le risque​​

L’inondation est potentiellement une source de danger pour les populations et les biens : destruction des équipements et des structures, mise en danger de la population. On parle alors de risque pour les enjeux exposés. Le risque pour une population découle donc directement des enjeux exposés et de leur vulnérabilité.​

[Crédit 20]

On définit le risque en associant l’aléa, phénomène naturel potentiellement dangereux, et un enjeu exposé qui présente une vulnérabilité.​

 Regardez les illustrations pour mieux comprendre.​

Aléa

Phénomène naturel d’inondation plus ou moins fort.

[Crédit 21]

Enjeux

Personnes, biens et activités susceptibles d’être inondés.

[Crédit 22]

Risque

Risque d’inondation plus ou moins fort.

[Crédit 23]

Le risque créé par un aléa climatique dépend de :​

  • l’intensité et de la fréquence de l’aléa climatique (intensité des pluies entraînant la crue et les inondations) ;​
  • l’exposition et de la vulnérabilité (proximité des habitations du cours d’eau, capacité à se protéger d’une crue, etc.).​

Le risque n’existe que s’il y a ces enjeux exposés (maisons et habitants proches du cours d’eau). La mesure du risque se réalise par :​

  • la fréquence, l’intensité et la nature de l’aléa ;​
  • l’estimation des personnes exposées et de la valeur des enjeux ;​
  • l’estimation de la vulnérabilité, c’est-à-dire la résistance physique de ces biens face à un aléa.​

[Crédit 24]

Qu’entend-on par vulnérabilité ?

La vulnérabilité désigne la prédisposition d’un système (population, écosystème…) à subir des dommages. Elle permet d’évaluer la fragilité de ce système et la difficulté qu’il aura à faire face ou à s’adapter aux changements ou aux crises.​

La vulnérabilité des sociétés face aux risques climatiques résulte de deux éléments principaux :

  • le degré d’exposition aux aléas tels que les cyclones, les inondations ou les vagues de chaleur ;​
  • la capacité à y faire face qui dépend largement des facteurs socio-économiques, des ressources disponibles, du niveau de développement, et des infrastructures mises en place.​

Dans son 6e rapport, le GIEC insiste sur la vulnérabilité de certaines régions du monde (Amérique centrale et Amérique du Sud, Afrique subsaharienne, Asie du Sud…). Entre 2010 et 2020, la mortalité due à certains évènements extrêmes a été 15 fois supérieure dans les pays très vulnérables par rapport aux pays peu vulnérables.

De même, à l’échelle d’un pays, la vulnérabilité face aux phénomènes climatiques peut varier fortement d’un territoire à un autre, faisant ressortir les inégalités sociales et économiques entre populations. L’absence de services essentiels (tels que les soins médicaux), d’infrastructures de protection ou de moyens de reconstruction, peut conduire certaines personnes à subir des dommages considérables.

Un exemple frappant est le cyclone qui a frappé Mayotte en décembre 2024. Dans ce département français, le plus pauvre du pays, les inégalités de richesse et de développement ont amplifié les effets de la catastrophe. Les habitants des bidonvilles ont été les plus exposés au cyclone, mais également les plus touchés par le manque d’eau potable et d’électricité après la tempête.​

La vulnérabilité des sociétés, qu’elle soit liée à l’exposition physique ou aux inégalités sociales et économiques, aggrave les impacts du changement climatique.

Risque = situation de danger potentiel dans laquelle un enjeu vulnérable est exposé à un aléa.​

Selon le cas, un aléa peut avoir des conséquences positives ou négatives. Prenons deux exemples.​

  1. De fortes averses de neige peuvent :
    • bloquer des accès routiers et donc perturber l’activité humaine en plaine et en vallée (négatif) ;​
    • entraîner un enneigement important en montagne et assurer aux stations de ski leur activité économique d’hiver (positif).
  2. Des inondations peuvent :
    • avoir des conséquences dramatiques pour les populations exposées (négatif) ;
    • dans certains cas, bénéficier aux cultures agricoles environnantes. Jusque dans les années 1960, les crues du Nil étaient vitales pour les cultures locales (positif).

Selon l’exposition des populations et des biens, les risques peuvent être différents.​

Une tempête peut endommager les infrastructures et mettre directement en danger les populations. Mais elle peut aussi endommager les lignes électriques. Des zones d’habitation, même éloignées, subiront alors les effets indirects de cette tempête par les coupures d’électricité.​

Un feu de forêt, conséquence indirecte d’une sécheresse, peut bloquer des accès routiers ou ferroviaires, stoppant ainsi les passages de personnes et de marchandises. Les zones, plus desservies à cause de ces blocages, seront aussi impactées économiquement par l’incendie.​

Dans certains cas, les pertes potentielles sont tellement importantes que l’on parle de risques majeurs.

 Pour approfondir la notion de risque, regardez la vidéo suivante sur ce qu’est un risque majeur (2 min 43 s).

 Sélectionnez chaque proposition vraie.​

sous partie 2 sur 3 b. L'aggravation des risques climatiques

Risque climatique et changement climatique​​

Dans la précédente partie, nous avons vu que le risque climatique dépend à la fois du degré d’exposition à un aléa et du niveau de vulnérabilité.​

On peut distinguer deux types d’aléas climatiques selon leurs dynamiques temporelles : les extrêmes climatiques et les évolutions continues. Par exemple, l’érosion des côtes peut se manifester lors de tempêtes ou petit à petit, du fait du transport du sable par les vagues et les courants au fil des ans.​

Le changement climatique a des effets sur les aléas via :​

  • les évènements extrêmes climatiques tels que sécheresses, vagues de chaleur, tempêtes, cyclones, vagues de froid, pluies torrentielles, etc. qui peuvent subir une modification de leur fréquence et de leur intensité par le changement climatique ;​
  • les évolutions continues que sont l’élévation des températures moyennes de l’air, l’évolution du régime des précipitations, l’élévation du niveau de la mer, la diminution de l’enneigement, etc.​

​Il est important de noter que les évolutions tendancielles peuvent favoriser des évènements extrêmes. Par exemple, l’augmentation des températures moyennes se traduit par des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses.​

Exemples de dommages engendrés par des aléas sur des enjeux exposés :

Maisons touchées par les inondations

[Crédit 26]

Réseau câblé détruit par une tempête

[Crédit 27]

Plantations victimes d’une sécheresse

[Crédit 28]

Les conséquences du changement climatique sont multiples en matière de risques. Pour mieux comprendre ce propos, prenons deux exemples.

Un extrême climatique : la canicule​

[Crédit 29]

​L’augmentation de l’intensité et de la fréquence des canicules est un facteur aggravant des risques climatiques.​

Si l’on se réfère à la période d’avant l’ère industrielle (au milieu du 19e siècle) :​

  • pour une augmentation des températures moyennes de 1,5 °C, la fréquence des canicules décennales (ayant une probabilité de 1/10 de se produire chaque année) sera multipliée environ par 4 en moyenne dans le monde ;​
  • pour une augmentation des températures moyennes de 2 °C, la fréquence des canicules décennales (ayant une probabilité de 1/10 de se produire chaque année) sera multipliée environ par 6 en moyenne globale.​

Une évolution tendancielle : l’élévation du niveau moyen des océans​​

Plusieurs facteurs cumulés viennent augmenter le niveau moyen global des mers :​​

  • la dilatation de l’eau, liée à l’accumulation de chaleur dans les océans ;​
  • la fonte des glaces terrestres (calottes glaciaires, glaciers de montagne), qui alimente en grandes quantités les mers et océans en eau douce​ ;
  • le pompage des eaux souterraines et la création de barrages sur les continents, dans une moindre mesure.​

Alors qu’il était stable en moyenne globale depuis 3000 ans, le niveau de la mer monte de plus en plus vite. Selon le GIEC, son niveau s’est élevé de 20 cm depuis 1901.​

D’ici 2100, le niveau moyen des océans s’élèvera de 30 cm à 1 m selon différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre.​

[Crédit 30]

À mesure que le niveau marin s’élève, ces conséquences deviennent un risque majeur pour la société :​

  • l’aggravation des submersions marines lors de tempêtes, de cyclones et même à marée haute ;​
  • l’érosion du littoral et le recul du rivage (trait de côte) ;​
  • la salinisation de nappes phréatiques et d’estuaires.​

[Crédit 31]

Les risques climatiques sont aggravés par des activités humaines.​

Un exemple marquant est l’immeuble Le Signal, situé à Soulac-sur-Mer (Gironde). Construit en 1967, il se trouvait alors à environ 200 mètres de la mer. Cependant, en raison du recul du trait de côte causé par l’érosion, la distance avec l’océan s’est considérablement réduite au fil des décennies. Face à ce danger, l’immeuble a dû être évacué en 2014, puis démantelé début 2023.

 Observez les photographies de Soulac-sur-Mer prises en 1992 et en 2020.​​


[Crédits 32-33]


Le changement climatique a des effets sur les aléas climatiques, potentielles sources de danger pour les populations et les biens exposés et vulnérables.​

Une chaîne de risques​

Comme nous l’avons vu précédemment, le changement climatique peut avoir des conséquences directes sur les populations : inondations, sécheresses, vagues de chaleurs plus fréquentes et plus intenses sont autant de phénomènes extrêmes auxquels les sociétés doivent faire face.​​

L’une des conséquences du réchauffement climatique est la fonte des glaciers, phénomène entraînant la montée du niveau des océans.​

Cela se traduit par des niveaux d’eau plus importants lors des tempêtes ou des cyclones.​

Les conséquences d’une montée du niveau moyen des océans peuvent se traduire par des risques qui s’enchaînent.

 Regardez la vidéo qui explique quels sont les impacts de la montée des eaux sur les littoraux (2 min 21 s).​

Les risques en cascade liés à une élévation du niveau des océans sont :​

  • des submersions marines de certains territoires côtiers ;​
  • des endommagements des infrastructures du bord de mer ;​
  • des problèmes d’approvisionnement, des problèmes sanitaires ;​
  • des tensions sociales et économiques.

Des risques accentués par la main de l’homme​

Les activités humaines sont responsables du changement climatique. Elles sont donc à l’origine de l’aggravation des aléas climatiques. Mais elles peuvent également accentuer les impacts de ces aléas climatiques. L’urbanisation (extensions des zones construites, des réseaux de transports) et la pression démographique (nourriture, logement, etc.) ont pour effet d’exposer et de rendre vulnérables davantage de personnes et d’infrastructures aux risques lorsque survient un épisode extrême climatique.

[Crédit 35]


La déforestation, d’une part, et l’imperméabilisation des sols, d’autre part, amplifient les phénomènes d’inondation, de certains glissements de terrain et de coulées de boue.

[Crédit 36]


La densification des zones habitées en bordure de mer accentue le risque de submersion marine. C’est le cas de Venise qui est aujourd’hui menacée par la montée des eaux, par l’affaissement de son sol et par les activités humaines (urbanisation, tourisme).​

Les risques en cascade peuvent aller plus loin et affecter l’ensemble de la société. Cela peut se traduire par des catastrophes humanitaires ou économiques.​

 Observez le schéma du GIEC qui montre des exemples de risques en cascade pour la sécurité alimentaire.​​

[Crédit 37]


Les aléas climatiques tels que les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations, de plus en plus fréquents et intenses, peuvent entrainer des risques qui s’enchainent. Ces aléas provoquent une diminution de la production agricole et une baisse de la qualité alimentaire. Cette situation entraîne une dégradation de la santé des sols, qui s’appauvrissent et s’assèchent, ce qui affecte directement les prix de la nourriture. La hausse des prix limite l’accès à l’alimentation, réduisant ainsi la disponibilité, la consommation et l’utilisation des aliments. Ces perturbations touchent le revenu des ménages, diminuant leur capacité de travail.

Cette vulnérabilité accrue favorise l’apparition de maladies infectieuses, dégrade la qualité de vie et conduit à la malnutrition. L’ensemble de ces enchaînements illustre les interactions complexes entre alimentation et santé, et montre comment les impacts sur la production et les prix, combinés à des facteurs de vulnérabilité sociale, amplifient les risques pour les populations.

L’homme, responsable du changement climatique par ses activités, augmente les risques climatiques. L’aggravation des aléas climatiques associée à des enjeux de plus en plus exposés et vulnérables peut entraîner des risques en cascade et aboutir à des catastrophes humanitaires.​

sous partie 3 sur 3 c. Connaître les risques​

Vous souhaitez connaître l’exposition de votre habitation aux risques naturels et technologiques majeurs ?​

Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) ont conçu un outil qui présente ces différents risques à l’échelle locale.​

Découvrez si votre habitation est exposée aux risques naturels et technologiques majeurs sur le site Géorisques (nouvel onglet).​



[Crédit 38]


Partie 3 sur 4 : 3 - L'adaptation au changement climatique​

sous partie 1 sur 4 a. Définition

Hausse des températures, vagues de chaleur, précipitations et sécheresses extrêmes… Face aux impacts du changement climatique, des mesures doivent impérativement être prises pour limiter ses conséquences pour les personnes, les biens, les activités économiques et les écosystèmes. C’est ce qu’on appelle l’adaptation. Globalement, l’adaptation progresse, mais elle reste en retard par rapport à l’ampleur du changement climatique.​

Mais de quoi parlons-nous exactement ?

 Regardez la vidéo Comprendre l’adaptation au changement climatique (1 min 13 s).​

Pour réduire les effets du changement climatique, nous avons deux possibilités complémentaires : l’atténuation et l’adaptation.​​

L’atténuation, c’est agir pour réduire les causes du changement climatique, c’est donc diminuer nos émissions de gaz à effet de serre (voir chapitre 2). Cependant, même si nous atteignons la neutralité carbone, ceux-ci ne vont pas disparaître instantanément de l’atmosphère terrestre. C’est pourquoi il faut utiliser d’autres moyens d’actions en complément.​​

L’adaptation, c’est faire face aux conséquences, c’est agir pour éviter ou atténuer les dommages, ou encore pour tirer parti de nouvelles possibilités. C’est, par exemple :​​

  • limiter l’aménagement en bord de mer pour réduire les conséquences des submersions et de l’érosion des côtes ;​
  • aménager les villes pour supprimer les îlots de chaleur et mieux supporter le climat futur ;​
  • changer les modes de production agricole pour réduire la pression sur la ressource en eau, tout en garantissant une production suffisante pour l’alimentation ;​
  • protéger les personnes fragiles des canicules, des vagues de froid.​​

La complémentarité de ces deux leviers doit permettre de casser la boucle négative d’une modification du climat et d’une exposition plus forte d’enjeux vulnérables.​

sous partie 2 sur4 b. Les barrières et limites​

Plus le changement climatique est important, plus l’adaptation est difficile.​​

De la vitesse et de l’ampleur du changement climatique dépendra notre capacité – et celle des écosystèmes – à s’adapter. Il s’agit là d’une première limite à notre adaptation. Par exemple, il n’y a pas de solutions d’adaptation connues pour les coraux tropicaux au-delà de 2 degrés de réchauffement global.​

Les récifs coralliens tropicaux sont bâtis par de petits animaux appelés polypes qui vivent en symbiose avec des microalgues. On estime qu’ils abritent 30 % de la biodiversité marine. ​

Sous l’effet du stress, causé notamment par la hausse de la température des eaux marines, les coraux peuvent perdre ces microalgues. Ils perdent alors leur couleur et dépérissent.​

[Crédit 40]

Des limites et barrières sociales​​

Il existe des solutions efficaces, faisables pour adapter les sociétés humaines au climat qui change. Mais elles ne sont pas forcément accessibles. Toutes les populations n’ont pas les mêmes moyens de s’adapter au changement climatique ou d’en atténuer les effets. À l’échelle d’un pays, certaines populations souffrent de pauvreté, de la faim, de manques de soin, d’éducation, certaines souffrent d’un manque d’eau potable ou d’énergie.​

Que ce soit à l’échelle mondiale, d’un pays ou à l’intérieur même d’un pays, ces inégalités peuvent aggraver les vulnérabilités face aux conséquences du changement climatique.​​

C’est pourquoi articuler les politiques climatiques et les politiques sociales permet de réduire ces inégalités et de rendre plus accessibles les solutions d’adaptation.​

Des limites et barrières financières​​

Nombre d’États ont mis en place des plans d’adaptation aux changements climatiques. Mais le coût de cette adaptation est élevé et les besoins de financement sont colossaux.​

En septembre 2022, au sommet de Rotterdam consacré à l’adaptation climatique en Afrique, plusieurs dirigeants africains ont dénoncé l’absence des chefs d’État des pays industrialisés, considérés comme principaux pollueurs de la planète. Ils ont plaidé en faveur d’une « justice climatique » et d’une équité économique et sociale vis-à-vis de l’Afrique.​

Lors de la COP21 en 2015, les pays développés se sont engagés à apporter une aide financière pour soutenir les efforts des pays en développement, dans la lutte contre le changement climatique et dans la mise en place de plans d’adaptation.​

​Cependant, d’après le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) du 22 novembre 2022, les besoins annuels d’adaptation dépassent largement les engagements financiers des pays.​

En 2024, la COP29 a abouti à un accord concernant le montant des aides apportées au pays en développement pour financer leur transition énergétique. Les pays riches, en dehors de la Chine, se sont engagés à apporter une participation à hauteur de 300 milliards de dollars. Ce chiffre est cependant jugé insuffisant par une partie des pays les plus pauvres et par les ONG qui, de plus, déplorent l’absence de politique de transition vers la sortie des énergies fossiles.​

Des limites et barrières techniques​

Des actions d’adaptation peuvent paraître judicieuses ou suffisantes à un moment donné, mais inadaptées quelques années plus tard. Il arrive aussi que des actions soient mises en œuvre sans prendre en compte le changement climatique. C’est ce qu’on appelle la mal-adaptation.​

Les conséquences du changement climatique augmentent la dimension et la fréquence des risques pour lesquels une adaptation a été envisagée. ​

On peut alors se retrouver dans une situation de mal-adaptation, qui correspond, par exemple, à l’une des situations suivantes :​

  • Le recours massif à la climatisation (qui rejette de l’air chaud), au lieu de l’investissement dans l’isolation, est une utilisation inefficace de ressources comparée à d’autres options d’utilisation ;​​
  • Les canons à neige utilisés pour conserver une activité dans des stations de ski sans neige. Non seulement ces canons consomment des ressources en eau et en énergie, mais ce manteau de neige recréé fond également moins bien. Il empêche l’oxygénation des sols et la repousse de la végétation.​

[Crédit 41]

[Crédit 42]

Il est donc fréquent que les adaptations se heurtent à des manques de financements, mais aussi de connaissances, particulièrement dans des régions vulnérables. D’autres barrières se présentent : ressources limitées, secteur privé peu engagé, manque de volonté politique, faible prise de conscience de l’urgence, poids des habitudes et des normes socioculturelles, etc.​

sous partie 3 sur 4 c. Les potentiels

L’adaptation au changement climatique peut prendre diverses formes. La nature a un potentiel pour diminuer les risques climatiques. L’homme a aussi un potentiel d’adaptation, par exemple en modifiant les sols des villes pour favoriser l’infiltration des eaux de pluie. On parle alors de solutions fondées sur la nature.​

 Regardez la vidéo Adaptons-nous ! pour découvrir le potentiel d’adaptation de l’homme (3 min 34 s).​

 En vous appuyant sur la vidéo, choisissez la bonne réponse.​

Les potentiels pour s’adapter au changement climatique sont multiples. Des solutions sont trouvées dans les divers secteurs d’activité. ​​
​​
La diversification agricole ​​
De plus en plus d’exploitations agricoles se tournent vers ce mode d’activité. Il consiste à introduire de nouveaux élevages ou de nouvelles cultures sur une ferme pour contrer les effets néfastes de la spécialisation.​

L’agroécologie
Il s’agit de concevoir une production agricole diversifiée et moins impactante pour l’environnement, par exemple en diminuant les produits phytosanitaires, en préservant l’eau et les sols, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.​​

L’agroforesterie​
« L’agroforesterie est l’association d’arbres et de cultures ou d’animaux sur une même parcelle. Cette pratique ancestrale est aujourd’hui mise en avant car elle permet une meilleure utilisation des ressources, une plus grande diversité biologique et la création d’un microclimat favorable à l’augmentation des rendements.​

Plusieurs systèmes existent : formes bocagères, prés-vergers, prés-bois, alignements de peupliers ou encore plantations de noyers associées à l’élevage ou d’autres essences associées aux cultures. […]​

Les arbres et les haies dans les champs permettent d’obtenir une diversité des espèces et des habitats, ce qui est favorable aux insectes auxiliaires des cultures et pollinisateurs.​
Par ailleurs, les arbres ont la capacité d’absorber le CO2 et, durant leur phase de croissance, de stocker le carbone. Ils participent donc à atténuer les effets du changement climatique. L’agroforesterie devient ainsi une composante essentielle du projet agroécologique pour la France, contribuant également à l’initiative « 4 pour 1 000 », par enrichissement du sol en matières organiques, et stockage du carbone par les différentes parties des arbres associés aux cultures ou à l’élevage. »​

Extrait de L’agroforesterie, comment ça marche ?​
Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire​

 Regardez la vidéo Le retour de l’agroforesterie : quand les agriculteurs replantent des arbres sur les parcelles de France 3 Nouvelle-Aquitaine (1 min 48 s).​

Le réaménagement des villes​

Dans les villes, des projets de réaménagement urbain sont mis en place pour lutter contre le réchauffement climatique, en vue de :​

  • limiter l’îlot de chaleur urbain, par exemple en végétalisant ou en créant des espaces ombragés ;​
  • désimperméabiliser les sols pour favoriser l’infiltration naturelle de l’eau ;​
  • faciliter la captation et le stockage des eaux de pluie et ainsi limiter les apports et la consommation d’eau ;​
  • réintroduire de la biodiversité dans les villes.

[Crédit 45]

Les changements dans nos modes de vie et notre quotidien peuvent nous paraître difficiles à supporter, surtout si la seule raison invoquée nous semble abstraite et complexe. Pourtant, les bénéfices que nous pouvons en tirer sont bien réels. S’adapter, c’est aussi améliorer le bien-être. C’est par exemple rendre les rues plus vivantes, permettre aux habitants d’avoir accès aux espaces verts ou améliorer l’attractivité des commerces situés à proximité de ceux-ci.​
Lorsqu’un projet d’adaptation climatique produit des effets positifs en plus du bénéfice principal attendu en faveur du climat, on parle de co-bénéficiaire climatique.

Des progrès d’adaptation sont observés mais nous sommes encore en retard.​
Trouver des solutions à la fois d’adaptation et d’atténuation qui permettent de lutter contre le réchauffement climatique, tout en conservant un confort personnel, est possible, par exemple avec la rénovation thermique des habitations.​

Isoler un habitat permet :​

  • en hiver, de moins consommer d’énergie pour se chauffer et donc de réduire les émissions de GES (atténuation) ;​
  • en été, de vivre dans un logement protégé de la chaleur (adaptation).​

sous partie 4 sur 4 d. Des initiatives politiques et citoyennes

Face aux conséquences du changement climatique, les pouvoirs publics, les collectivités et les citoyens ont un rôle central à jouer pour proposer des leviers incitatifs et mettre en place des solutions d’adaptation pertinentes. ​

Des politiques incitatives​

La trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) est une initiative du ministère de la Transition écologique qui a pour objectif de doter le pays d’un socle de réflexion commun pour l’élaboration des stratégies d’adaptation. La TRACC, qui s’appuie sur les derniers rapports du GIEC, propose trois niveaux de réchauffement qui prennent en compte les différents scénarios tendanciels possibles pour anticiper le réchauffement de la Terre.​



[Crédit 46]


La TRACC a été élaborée à partir des travaux de nombreux acteurs publics et scientifiques (Ministère de la Transition écologique, Météo-France, ADEME, BRGM, IGN, etc.). Elle définit notamment, via un jeu d’indicateurs climatiques, les impacts attendus sur le territoire français à horizon 2050 et 2100 (aggravation des inondations, incendies, etc.).

Découvrez quels sont les impacts attendus à l’horizon 2050.​

  • Augmentation des températures, 25 jours en vague de chaleur, jusqu’à 100 nuits très chaudes.
  • Modification des précipitations : -10% en été ; +20% en hiver.
  • Sécheresse des sols : environ un mois de sols secs de plus.
  • Baisse de l’enneigement : 2 fois moins de neige en moyenne montagne.
  • Augmentation du niveau de la mer : 30 cm à 1 m de montée des eaux (en 2100).

[Crédit 47]

La France est l’un des premiers pays à se doter de tels outils pour planifier ses stratégies d’adaptation. ​

​Le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) a pour ambition de préparer la France aux enjeux qu’impliquerait un réchauffement sur son territoire de 4 °C d’ici 2100 et par rapport à l’ère industrielle. La France s’est dotée de son premier plan d’adaptation en 2011, de son second en 2018, et enfin de son troisième en 2024. ​​

Le troisième plan d’adaptation (PNACC-3) a été élaboré à partir des travaux de la TRACC. Il a pour objectif de planifier une série de transformations dans tous les domaines de la société d’ici 2030 (santé, économie, agriculture, biodiversité, éducation, travail, urbanisme, logement, transports, culture…) afin d’orienter les acteurs de la société et les politiques publiques vers une adaptation durable à horizon 2100. ​

Pour aller plus loin

Des initiatives citoyennes ​

​En complément des politiques incitatives, la mise en place de solutions d’adaptations requiert l’implication de toutes les parties prenantes, et notamment des citoyens. C’est par exemple le cas lorsqu’il faut faire face à des décisions difficiles comme le déplacement d’une zone d’habitation. ​

Depuis 2014, le village de Miquelon fait face à la montée des eaux et à des tempêtes de plus en plus fréquentes qui menacent son existence. Pour affronter ce défi, l’État et la collectivité ont commandé des études, élaboré des plans successifs, et conclu à la nécessité de déplacer le village. ​

​Après une période d’opposition des habitants, un changement est intervenu en 2018 lorsque deux tempêtes ont provoqué des dégâts considérables sur l’île. Les habitants ont alors réalisé qu’un départ serait inévitable et décidé de se saisir du projet pour choisir où ils seraient déplacés. Une grande concertation a ensuite permis d’impliquer les citoyens (des plus âgés jusqu’aux élèves de l’école) et de coconstruire un projet partagé par les acteurs du territoire. ​​

Si ce chantier est encore en cours, il démontre que le rôle central des citoyens peut être le pivot d’une politique d’adaptation concertée et ambitieuse.

 Regardez la vidéo Miquelon, une île face au réchauffement climatique (2 min 7 s).​​

 Identifiez les co-bénéfices générés par les actions suivantes (plusieurs réponses possibles).​

Partie 4 sur 4 : 4 - Le développement résilient

sous partie 1 sur 3 a. Définition

« Si nous voulons préserver l’équilibre de la planète et notre dignité d’Hommes, il nous faut changer. Même s’il n’y a guère d’alternatives, cette nouvelle ère qui s’ouvre à nous est riche d’opportunités. Elle est une chance à saisir, et non une croix à porter. Le travail de milliers de scientifiques met à notre disposition des centaines d’initiatives à prendre, qui, toutes, améliorent notre vie. De nombreuses personnes sur la planète sont en train de prendre ces initiatives, de saisir cette opportunité. Rejoignons-les, et poussons nos décideurs à s’engager. »​

Jean JOUZEL et Anne DEBROISE, Le défi climatique – Objectif : 2 °C !, Dunod, 2014​

Lorsqu’un changement brutal survient, comme c’est le cas pour le changement climatique, actuellement, il est nécessaire de s’adapter pour surmonter les difficultés. Il faut donc faire preuve d’un développement résilient.​

Regardez la vidéo d’un grand entretien avec Magali Reghezza, géographe et ancienne membre du Haut Conseil pour le climat, par Intercommunalités de France (43 s).​

Qu’est-ce que le développement résilient ?​

La résilience, c’est cette capacité à rebondir, à se reconstruire après une crise et à apprendre de cette crise.​

Le développement résilient au changement climatique est la mise en œuvre de stratégies pour faire face aux risques climatiques (adaptation) et d’actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (atténuation).​

L’objectif de ce développement résilient est de permettre d’améliorer le bien-être des personnes et de la nature, par exemple :​

  • en réduisant la pauvreté et la faim ;​
  • en améliorant la santé et les moyens de subsistance ;​
  • en fournissant à davantage de personnes de l’énergie propre et de l’eau potable ;​
  • en préservant les écosystèmes sur Terre, dans les lacs et les rivières, et dans l’océan ;​
  • en favorisant le développement économique et l’innovation.​

​Le développement résilient concerne donc l’ensemble des mesures de prévention, de préparation et de gestion d’une crise. Autrement dit, il a pour objectif de diminuer la vulnérabilité des populations face aux conséquences du changement climatique. Une meilleure gestion des risques et des crises permet de casser la boucle négative qui relie aléa et catastrophe.​

sous partie 2 sur 3 b. Les conditions

Développer la résilience nécessite d’agir de manière collective et durable ainsi que de définir une stratégie globale et pérenne face au changement climatique.​​

Les principales conditions pour une mise en place d’un développement résilient à l’échelle des territoires impliquent :​

  • une volonté politique, accompagnée d’objectifs ambitieux, de responsabilités partagées, d’actions massives et d’un suivi précis des actions mises en place ;​
  • des investissements financiers ;​
  • une participation de tous les citoyens aux prises de décisions.​

L’exemple du Delta de l’Aa​

Le « Plan Delta de l’Aa 2050 » est une initiative ambitieuse visant à anticiper et à s’adapter aux impacts du changement climatique sur le delta de l’Aa, dans le Nord-Pas-de-Calais. Face aux risques croissants d’inondations et de submersions marines, ce plan cherche à identifier les vulnérabilités du territoire et à proposer des solutions pour renforcer sa résilience.​



[Crédit 50]


Ce plan repose sur une approche collective, en concertation avec tous les partenaires institutionnels, le monde universitaire, les milieux économiques, les associations et les citoyens.​

Le projet intègre des principes de développement durable, de gestion raisonnée des ressources en eau, de transition énergétique et de préservation de la biodiversité.​

Parmi les solutions concrètes envisagées, on trouve les aménagements hydrauliques, la restauration des milieux naturels et l’adaptation des activités économiques :​

 Retournez les cartes pour découvrir des exemples.

sous partie 3 sur 3 c. Des transformations justes et équitables​

Un développement résilient n’est possible que si on réussit des transformations justes, équitables et efficaces sur le long terme. Pour lutter contre un risque de catastrophe naturelle, on doit agir à l’échelle d’un territoire et en concertation avec les différentes parties (collectivités, usagers, riverains, etc.).​

Par exemple, on peut améliorer la gestion de l’eau par des aménagements plus respectueux des écosystèmes et des cycles naturels. En redonnant à nos rivières un fonctionnement naturel, on limite les crues et on sécurise les populations.​

 Regardez la vidéo sur une nouvelle gestion des rivières, de l’association Sauvons l’eau (1 min 37 s).

 Regardez la vidéo sur l’adaptation des Pays-Bas aux risques d’inondation et de submersion, de l’AFP (2 min 19 s).​

Les Pays-Bas, dont une grande partie du territoire se situe au-dessous du niveau de la mer, construisent depuis longtemps des digues pour se protéger.​

Cependant, toutes les capacités d’adaptation constante et d’actions préventives développées par les Pays-Bas ne sont pas adaptées à tous les territoires confrontés à la montée des eaux, souvent moins riches (Bangladesh, archipel de Tuvalu…).

Le développement résilient implique des actions de transformation, aussi bien dans le domaine de l’énergie que dans la protection des écosystèmes, dans l’industrie ou dans les villes.​

Les travaux de recherche montrent que ces actions de transformation sont d’autant plus efficaces qu’elles sont justes et équitables.​​

Des analyses récentes suggèrent que le maintien de la résilience de la biodiversité et des services des écosystèmes à l’échelle mondiale dépend de la conservation efficace et équitable d’environ 30 à 50 % des terres, des eaux douces et des océans de la planète.​

Dans cette logique globale, on peut trouver :​

  • le développement des énergies renouvelables ;​
  • une alimentation à base de plantes (non nécessairement exclusivement végétarienne) ;​
  • une vision des villes et des territoires résilients ;​
  • une couverture sanitaire universelle ;​
  • des protections sociales.



[Crédit 53]



En conclusion, l’objectif de 1,5 °C, qui implique une réduction des émissions de 45 % d’ici 2030 et d’atteindre le zéro net d’ici 2050, est essentiel. Si les effets du réchauffement climatique sont indéniables et, pour une partie, irréversibles, il est encore possible de mettre en place des solutions pour s’adapter et limiter ses répercussions. Un avenir résilient est encore envisageable mais il implique d’agir en conséquence à travers des actions concrètes.​