4 - Défi de la biodiversité

La crise du climat est une des causes de la crise de la biodiversité. Le changement climatique aggrave la perte de biodiversité, et la perte de biodiversité accélère le changement climatique. Il est donc impératif d’affronter ces deux défis en même temps.

Dans ce chapitre, vous découvrirez :

  • les points clés qui définissent la biodiversité et les écosystèmes ;
  • les causes de la crise de la biodiversité ;
  • les solutions à envisager pour préserver le vivant et ainsi contribuer à la lutte contre le changement climatique.
  • Objectif :

    comprendre le lien entre le réchauffement climatique et le déclin de la biodiversité.

  • Durée :

    1 h 15

Si le climat s’est imposé comme un sujet de préoccupation central, on ne peut pas en dire autant de la biodiversité. En 2018, une équipe de chercheurs a même estimé que la biodiversité était trois fois moins présente que le climat dans les médias et la littérature scientifique. ​

​Plusieurs raisons expliquent cet écart : l’évolution de nos modes de vie – plus urbains – qui nous a éloignés de la nature et de ses enjeux, mais aussi la place croissante prise par le climat en raison de la multiplication des évènements extrêmes, de la médiatisation du GIEC ou des COP.

Pourtant, la crise de la biodiversité est bien là, comme en témoignent le déclin de la faune sauvage ou la diminution dramatique du nombre d’insectes. Et la biodiversité est tout aussi essentielle à notre survie ! Surtout, le climat et la biodiversité sont étroitement liés et il faut donc relever ces deux défis de manière coordonnée. ​



[Crédit 1 : Coloc of Duty – Génération Greta. Jul © Dargaud, 2023
]


Pour entrer dans le vif du sujet, prenons un exemple concret. Découvrons ce que l’humanité doit à un invertébré modeste et pas très populaire : le ver de terre.

Sans vers de terre, pas d’agriculture ! ​

Les lombrics, ou vers de terre, sont les auxiliaires infatigables des jardiniers et des agriculteurs car ils retournent et aèrent les sols, recyclent les déchets organiques, fabriquent de l’engrais naturel et permettent à l’eau de circuler tout en empêchant l’érosion des sols.​

 Regardez la vidéo ci-dessous pour découvrir concrètement quel rôle joue le ver de terre (45 s).

Le lombric fait partie de la « biodiversité », évolue dans un « écosystème » et nous rend des « services écosystémiques ». Commençons par définir ces termes scientifiques pour mieux comprendre la crise actuelle de la biodiversité.

Partie 1 sur 3 : 1 - Comprendre la biodiversité 

Sous-partie 1 sur 4 : a. Qu’est-ce que la biodiversité ?

Crise climatique et crise de la biodiversité : des enjeux interdépendants

Les activités humaines (qui émettent trop de CO2) augmentent l’effet de serre. Le climat se dérègle et se réchauffe. Cela a des conséquences dramatiques sur la biodiversité.

Regardez la vidéo ci-dessous. Jean-François Silvain, président de la fondation pour la recherche sur la biodiversité, expose les enjeux du dérèglement climatique sur la biodiversité (1 min 14 s).

La biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants de notre planète, dont nous faisons partie. C’est le résultat d’une longue et lente évolution du monde vivant sur la planète, depuis les premiers organismes vivants connus il y a 3,5 milliards d’années.

La biodiversité est définie comme la diversité de toutes les formes du vivant. Elle s’exprime selon trois niveaux distincts qui dépendent les uns des autres :

  • les écosystèmes ;
  • les espèces qui composent les écosystèmes ;
  • la diversité génétique au sein de chaque espèce.

Retournez les cartes pour découvrir les trois niveaux de diversité de la biodiversité.

La biodiversité est une notion complexe. Regardez ces vidéos dans lesquelles des scientifiques abordent divers aspects de la biodiversité et des écosystèmes.

Regardez la vidéo ci-dessous. Christian Amblard donne une définition de la biodiversité ( 47 s).

[Crédit 4 : C. Amblard / MOOC Environnement & Développement Durable / UVED]

La biodiversité est dynamique, elle agit en interaction. L’homme est un être vivant parmi les autres êtres vivants. À ce titre, il fait partie de la biodiversité.

Regardez la vidéo ci-dessous extraite d’une conférence de Philippe Grandcolas (3 min 3 s).

Philippe Grandcolas, chercheur en biologie de l’évolution de la biodiversité, directeur adjoint scientifique de l’Institut écologie et environnement (INEE) du CNRS, rappelle que l’humain aussi fait partie de la biodiversité.

Nous l’avons vu, la biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Le réchauffement climatique, entre autres causes, a des conséquences désastreuses sur la biodiversité.

Partie 1 sur 3, sous-partie 2 sur 4 : b. Qu’est-ce qu’un écosystème et comment fonctionne-t-il ?

Qu’est-ce qu’un écosystème ?

Un écosystème est un ensemble d’êtres vivants (végétaux, animaux, champignons, micro-organismes…) qui vivent en interaction (entraide, protection ou prédation) dans et avec un milieu spécifique.

Un écosystème est constitué :

  • d’un milieu de vie caractérisé par des conditions physico-chimiques (température, luminosité, humidité) ;
  • de l’ensemble des êtres vivants qui le compose (végétaux, animaux, champignons, micro-organismes…).

Il existe de nombreux écosystèmes très différents, en voici deux exemples.

 Découvrez dans la vidéo ci-dessous l’écosystème de la mangrove (1 min 18 s)​.

 Découvrez ci-dessous la vidéo d’un reportage du CNRS sur l’écosystème du corail (35 s).

Le corail est un animal, c’est le plus grand bâtisseur du monde marin. Aujourd’hui, il est confronté à des dangers qui mettent en péril des écosystèmes tout entiers. ​
Chacun de ces écosystèmes vit, évolue, croît ou disparaît. Le corail a ses propres producteurs, ses propres prédateurs, ses propres décomposeurs… Il s’agit de la diversité écosystémique.

Comment fonctionne un écosystème ?

Un écosystème est un système naturel dynamique, résultat de l’évolution entre les espèces et leurs habitats. Par leurs interactions mutuelles, les espèces modifient les écosystèmes et l’ensemble évolue dans le temps.​
Les écosystèmes sont très fragiles et leur fonctionnement peut être facilement perturbé, voire détruit. Il suffit qu’une seule espèce disparaisse pour qu’un écosystème en soit profondément bouleversé. ​
Certaines espèces ne pourront pas supporter un changement climatique global, brutal et durable. Pour protéger une espèce menacée (un arbre, un insecte, un oiseau…), il faut aussi préserver l’écosystème auquel elle appartient. ​

Il existe une diversité d’interactions entre les êtres vivants dans un écosystème. ​

 Pour découvrir les trois types d’interactions entre les êtres vivants, cliquez sur l’étiquette puis sur l’emplacement qui lui correspond dans le texte ci-dessous.

Les interactions interspécifiques sont les relations qui existent entre êtres vivants d’espèces différentes. Elles peuvent être bénéfiques pour les deux espèces ou négatives pour l’une d’elles. Il y a :​

  • les relations de compétition : deux organismes sont concurrents pour accéder à la lumière, à l’eau, à la nourriture ;​
  • les relations d’exploitation : un organisme exploite un autre organisme pour son alimentation, sa protection, etc. (prédation ou parasitisme) ;​
  • les relations de coopération : les organismes se rendent service mutuellement (mutualisme, symbiose).​

Ces interactions structurent : ​

  • l’organisation de l’écosystème ; ​
  • l’évolution de l’écosystème liée la dynamique des populations ; ​
  • le fonctionnement de l’écosystème.​

Partie 1 sur 3, sous-partie 3 sur 4 : c. Qu’est-ce qu’un service écosystémique ?

​Les services écosystémiques sont les bénéfices que les humains tirent des écosystèmes, tels que la production d’oxygène et la pollinisation des cultures. Cependant, les écosystèmes ont également une valeur propre et doivent être respectés pour eux-mêmes. La notion de « droits de la nature » est de plus en plus importante dans le débat public. Tous les écosystèmes, qu’ils soient proches ou éloignés, terrestres ou marins, nous rendent des services : les services écosystémiques.​

En 2005, 1 360 experts scientifiques issus de 95 pays ont publié le rapport sur l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire. Son objectif était d’évaluer les conséquences des modifications subies par les écosystèmes dont dépendent notre survie et notre bien-être.

 Ce rapport distingue quatre catégories de services. Retournez les cartes ci-dessous pour les découvrir.

Partie 1 sur 3, sous-partie 4 sur 4 : d. Évolution et diversité des espèces

Découvrez ci-dessous la vidéo sur l’évolution des espèces et la biodiversité expliquée par Robert Barbault (25 s).

L’évolution biologique a été découverte au 19e siècle, puis confortée au 20e siècle avec l’émergence de la génétique et la découverte du support de l’hérédité (les molécules d’ADN et d’ARN dans les cellules vivantes). Elle permet de comprendre que les espèces, y compris l’espèce humaine, apparaissent par différentiation génétique à partir d’ancêtres communs.

L’évolution biologique repose sur deux principes :

  • les caractères héréditaires des espèces, qui peuvent être modifiés par des mutations ou des modifications apparaissant de manière imprévisible et quasi-aléatoire, et qui sont transmises a posteriori de génération en génération ;
  • la sélection naturelle des individus qui portent les caractères les plus favorables à leur survie et à leur reproduction, qui se reproduisent le mieux et les transmettent donc plus fréquemment.

 Découvrez ci-dessous la vidéo pour comprendre la théorie de l’évolution de Darwin (1 min).

La diversité génétique permet aux nombreuses espèces de s’adapter, d’assurer l’évolution et la survie du vivant. L’évolution se fait sur le long terme, sur des milliers voire des millions d’années.

De génération en génération, à la suite des mutations et des modifications liées au hasard, les espèces se modifient et évoluent. Quand certaines de ces modifications rendent des individus incapables ou peu capables de se reproduire ensemble, ces derniers constituent finalement deux espèces différentes qui évoluent ensuite chacune pour leur compte.

Pour mieux comprendre, observons un cas concret, celui d’une espèce d’oiseaux :

  1. Les individus d’une même espèce ont un même caractère héréditaire qui présente des variations. Dans l’exemple des oiseaux, un bec peut avoir plusieurs formes pour la même espèce ;
  2. L’apparition au hasard d’une nouvelle version d’un caractère héréditaire s’appelle la diversité génétique. Par exemple, les oiseaux avaient un bec court jusqu’à l’apparition d’un bec plus long pour certains ;
  3. Les conditions de vie du milieu favorisent les individus ayant certains caractères : c’est la sélection naturelle. Toujours dans notre cas, un bec long favorise l’accès à l’alimentation. Ce caractère favorise donc les oiseaux au bec long par rapport aux oiseaux au bec court ;
  4. Les individus ayant une version avantageuse d’un caractère laissent davantage de descendants que les autres. Ici, les oiseaux au bec long ont plus de descendants.
  5. De génération en génération, les individus changent.

[Crédit 10]

Dans la biodiversité, des mutations se produisent entraînant une grande variété de caractères adaptés ou non. La sélection naturelle fait un tri parmi cette grande variété pour donner la biodiversité de demain.

Les changements évolutifs peuvent se mettre en place en quelques générations mais demandent souvent des temps se comptant en milliers d’années.

En comparaison, les nombreux changements climatiques récents ont eu lieu en quelques années. De manière générale, quand l’environnement change plus vite que les espèces ne peuvent évoluer et s’adapter, la plupart des individus meurent ou n’arrivent plus à se reproduire et l’espèce décline puis s’éteint.

Partie 2 sur 3 : 2 - La crise actuelle de la biodiversité

Sous-partie 1 sur 3 : a. Dans quel état se trouve la biodiversité aujourd’hui ?

Vers une 6e extinction de masse

Un quart des espèces vivantes sont menacées d’extinction d’ici 2050. Une extinction correspond à un déclin significatif de populations d’une ou plusieurs espèces. Par exemple, le nombre de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons) dans le monde a baissé d’environ 70 % depuis 1970. La moitié des écosystèmes naturels sont détruits ou profondément dégradés et un tiers de la surface du globe est consacré à l’agriculture et à l’élevage.​

L’IPBES nous alerte sur l’ampleur de la crise actuelle de la biodiversité

La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, IPBES est un organisme intergouvernemental créé en 2012 auquel ont adhéré 130 États membres. ​
Sa mission est de fournir aux décideurs (États, secteur privé, société civile) des expertises validées par la communauté scientifique et prenant en compte l’ensemble des connaissances disponibles sur la biodiversité. Ses expertises doivent permettre de prendre des décisions éclairées aux niveaux local, régional, national et international. ​​
L’IPBES est l’équivalent du GIEC pour la biodiversité.

La Terre a déjà vécu cinq extinctions de masse au cours desquelles au moins la moitié des espèces vivantes ont disparu. Aujourd’hui, on considère qu’une 6e extinction de masse des espèces a commencé, avec des taux d’extinction équivalents ou supérieurs à ceux des crises précédentes. Contrairement aux extinctions précédentes qui se sont déroulées sur de très longues périodes (des millions d’années), cette crise de la biodiversité est extrêmement rapide. Elle est entièrement causée par les activités humaines.

Regardez ci-dessous l’extrait vidéo d’un entretien de Bruno David, président du Muséum d’histoire naturelle qui explique les spécificités de la crise actuelle de la biodiversité et répondez aux questions.

 Quelles sont les particularités de la crise actuelle de la biodiversité selon Bruno David ?

La crise actuelle de la biodiversité se caractérise par sa rapidité, et nous sommes au début d’une 6e extinction de la biodiversité, à un rythme 100 à 1 000 fois plus rapide que les précédentes.​ Cependant, Bruno David rappel dans cette interview qu’on peut agir pour limiter la crise actuelle de la biodiversité.​

La biodiversité est extrêmement complexe et les écosystèmes sont très nombreux. Toutes les espèces ne sont pas en déclin ou touchées de la même façon par la crise.
Deux cas d’effondrement d’espèces sont relayés par les médias depuis quelques années : celui des insectes et celui des oiseaux.

Le déclin des insectes

Près de 80 % des populations d’insectes auraient disparu en Europe depuis 30 ans. Les populations d’insectes sont presque deux fois moins nombreuses dans les régions touchées par le réchauffement climatique et l’agriculture intensive que dans les habitats les moins perturbés.
Certaines espèces animales et végétales sont particulièrement menacées ou ont d’ores et déjà disparu. On parle de déclin d’abondance quand le nombre d’individus d’une espèce diminue fortement au fil du temps.

Printemps silencieux

En 1962, la biologiste Rachel Carson dénonçait les effets négatifs des pesticides, notamment sur les oiseaux. Selon Carson, le « printemps silencieux » symbolise la disparition des oiseaux et les effets désastreux des pesticides sur l’environnement et la biodiversité. Aujourd’hui, on constate un déclin très préoccupant des oiseaux et des insectes dans de nombreuses régions du monde : en effet, les effectifs de nombreuses espèces d’oiseaux ont baissé depuis une trentaine d’années, sous l’effet de plusieurs causes conjuguées (effets directs et indirects des pesticides et autres polluants, disparition des habitats, changement climatique).

 Regardez ci-dessous la vidéo sur la disparition de la pie-grièche à poitrine rose (1 min 23 s).

Bien qu’ayant bénéficié d’une protection totale sur le territoire français, la pie-grièche à poitrine rose a disparu à cause de la dégradation de son habitat et du changement climatique.

Y a-t-il des espèces dont la perte serait plus « grave » ?

La disparition d’espèces végétales et animales peu connues et inconnues du grand public est tout aussi grave que celle d’animaux populaires comme l’ours blanc et le rhinocéros. Dans un écosystème, les espèces sont interdépendantes. La raréfaction ou la disparition d’une espèce, comme l’irruption d’une nouvelle, déséquilibrent profondément un milieu naturel et peuvent provoquer des disparitions en chaîne. C’est le vivant dans son ensemble qui est menacé par cette crise de la biodiversité.

Comment mesurer la perte de la biodiversité ?​

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a dressé un inventaire mondial de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. ​

Cet inventaire permet :​

  • de compter les espèces menacées dans le monde ;​
  • de mesurer le degré de menace qui pèse sur chaque espèce ;​
  • d’identifier les causes de la menace ;​
  • de dénombrer les disparitions d’espèces.​

Ainsi, dans sa Liste rouge mondiale des espèces menacées publiée en 2022, l’UICN révèle que, sur environ 150 000 espèces étudiées, 41 000 sont menacées. ​

Connaissons-nous l’ensemble de la biodiversité ?​

On ignore le nombre exact d’espèces animales et végétales. L’inventaire des mammifères et des oiseaux montre qu’ on est loin de connaître la totalité des espèces d’insectes, de champignons ou de plantes à fleur, sans compter les micro-organismes. Des méthodes statistiques permettent néanmoins de calculer le déclin global de la biodiversité, y compris de sa portion encore inconnue pour la science.​

Par exemple, en 2017 une nouvelle espèce de taupe, la taupe d’Aquitaine, a été découverte. D’apparence presque identique à la taupe d’Europe, elle a pourtant un patrimoine génétique différent, qui s’est différencié depuis environ deux millions d’années.

[Crédit 13]

L’effondrement des espèces en France métropolitaine et d’outre-mer​

Avec ses territoires d’outre-mer et son vaste domaine maritime, la France possède une grande variété d’écosystèmes et une biodiversité très riche. 80 % de la biodiversité française se situe dans les territoires d’outre-mer. ​
Mais cette richesse nous rend vulnérables : la France se situe parmi les dix pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées (soit 1 301 espèces), selon la Liste rouge des espèces menacées de 2018, et 68 % des habitats menacés au niveau européen sont présents en France métropolitaine. ​

Les forêts tempérées de métropole, comme les forêts tropicales d’outre-mer, subissent les effets de la crise de la biodiversité.​

 Regardez ci-dessous les deux vidéos. La première (49 s) montre les conséquences du réchauffement climatique sur les forêts bretonnes. La seconde (2 min) évoque l’un des principaux problèmes de pollution dont souffre la forêt guyanaise.

Dans les forêts, les professionnels s’en sont aperçus il y a déjà bien longtemps… Certains arbres souffrent du réchauffement climatique.

L’exploitation illégale de l’or près du fleuve Maroni aggrave la déforestation et déverse du mercure très toxique pour les écosystèmes.

Partie 2 sur 3, sous-partie 2 sur 3 : b. Quelles sont les causes du déclin de la biodiversité ?

Le changement climatique n’est qu’une des causes d’érosion de la biodiversité, il y en a d’autres.

 Regardez ci-dessous la vidéo qui explique les causes de la crise de la biodiversité (1 min 17 s).

Au total, cinq causes sont désormais bien identifiées dans la crise de la biodiversité.

La destruction des habitats

Tout aménagement du territoire (exploitation agricole industrielle, coupe ou plantation forestière, élevage intensif, pêche industrielle, etc.) et toute nouvelle construction (bâtiments, voies de circulation et autres infrastructures), se font au détriment de la biodiversité, en faisant disparaître des habitats directement ou indirectement (forêts naturelles, pâtures, haies, habitats marins profonds). Par exemple, l’extension des villes entraîne une artificialisation des sols et la destruction du milieu naturel. La construction d’une route fractionne l’habitat de la petite faune (insectes, batraciens, reptiles, petits mammifères, etc.). Autre exemple, les zones humides, tellement riches en biodiversité et qui apportent de précieux services comme l’épuration des eaux et l’atténuation des crues, sont des milieux très fragiles et menacés par l’urbanisation, l’agriculture intensive, l’aménagement des cours d’eau, etc.

Les espèces envahissantes

La mondialisation et l’intensification du commerce international contribuent à l’introduction d’espèces dans des régions où elles étaient inconnues. Ces espèces, plantes ou animaux, peuvent menacer sérieusement les milieux naturels qu’elles envahissent.

[Crédit 17]

Arrivé en France en 2004, dans un container venu de Chine, le frelon asiatique colonise l’Europe petit à petit. Il s’adapte bien car il est originaire d’une région tempérée de Chine. C’est une espèce envahissante qui décime les abeilles sauvages et surtout domestiques en s’attaquant aux ruches. Contrairement aux abeilles asiatiques, les abeilles européennes ne disposent pas de moyens de défense efficaces contre cette espèce.

[Crédit 18]

La pollution

Qu’elle soit chimique, organique, plastique ou atmosphérique, la pollution affecte énormément la biodiversité. ​
Par exemple, des milliers de tonnes de déchets plastiques terminent chaque année dans les cours d’eau et dans les mers. Cette gigantesque masse de déchets qui s’est agglomérée au fil du temps a formé au milieu du Pacifique ce qu’on nomme parfois un « 7e continent » ou « continent poubelle » d’une superficie 6 fois plus grande que la France. Ces déchets plastiques parfois microscopiques bouleversent toute l’écologie marine, du plancton aux cétacés.

La surexploitation des espèces

L’exploitation irraisonnée de ressources naturelles (abattage d’arbres ou surpêche), comme les monocultures et les élevages intensifs, est aussi responsable de l’érosion de la biodiversité dans de nombreuses régions du monde.​

[Crédit 19]

En voici un exemple : en devenant le premier producteur mondial de cacao, la Côte d’Ivoire a perdu, en moins de 50 ans, 90 % de ses forêts. Malgré des mesures de protection, la forêt continue de brûler dans ce pays pour faire place à des plantations, causant une perte immense de biodiversité.

Mappemonde centrée sur l’Afrique et indiquant la situation géographique de la Côte d’Ivoire : pays côtier du nord-ouest de l’Afrique.​ [Crédit 20]

 Observez ci-dessous ces cartes de la Côte d’Ivoire qui montrent l’évolution des zones forestières de 1990 à 2015. La culture du cacao a provoqué en quelques années la déforestation massive du pays.

[Crédit 21-22]

Le dérèglement climatique

Le changement climatique impacte la biodiversité en perturbant les écosystèmes avec les sécheresses, les canicules et les incendies, etc. Les incendies de forêt qui ont eu lieu en Australie en 2019 et 2020 ont ainsi causé la mort de milliards d’animaux et ont affecté plus de 500 espèces menacées d’extinction.​
Les cycles naturels de migration et d’hibernation de nombreuses espèces sont également perturbés par le climat qui se dérègle.​ Par exemple, les dendroctones de l’épicéa ont proliféré dans les forêts canadiennes en raison d’ hivers plus chauds, causant des dégâts considérables. Le dérèglement climatique a également permis à ce coléoptère de s’installer en Europe.​

À gauche, une forêt attaquée (les pins présentent une coloration rouge caractéristique) par les dendroctones (à droite).

[Crédit 23]

[Crédit 24]

Pourquoi parle-t-on de rétroaction de la biodiversité vers le climat ?​

Par le terme de « rétroaction », il faut comprendre que le climat affecte la biodiversité mais que celle-ci va l’affecter en retour.

L’exemple des forêts est souvent cité dans ce cadre : ​

  • les arbres assimilent le carbone par photosynthèse et en redistribuent un quart dans le sol ;​
  • la déforestation et la dégradation des forêts entraînent l’émission du CO​2 stocké, contribuant à la fois à environ 12 % des émissions annuelles et à la diminution de la capacité de nos écosystèmes à retirer le CO​2 de l’atmosphère ;​
  • le CO​2 relâché accentue le réchauffement climatique et donc les dégâts sur la biodiversité, notamment dans les écosystèmes forestiers ;​
  • les forêts dégradées ou détruites perdent leur capacité à absorber le CO​2 atmosphérique.​

Il s’agit bien d’une boucle de rétroaction puisque la perte de biodiversité et le changement climatique s’accentuent mutuellement.​

Pour illustrer cette boucle de rétroaction, on peut aussi mentionner l’acidification des océans, directement causée par le changement climatique.

 Regardez la vidéo ci-dessous sur l’acidification des océans avec l’intervention de Catherine Jeandel, océanographe et directrice de recherche au CNRS (1 min 30 s).​

Partie 2 sur 3, sous-partie 3 sur 3 : c. La perte de « services écosystémiques »

Nous l’avons vu, les services écosystémiques sont les bénéfices que nous obtenons de la nature. La crise de la biodiversité menace ces services, tels que la pollinisation et la régulation du climat, ce qui perturbe les activités humaines et économiques comme l’agriculture. ​
La pollinisation par les insectes est essentielle à la reproduction de nombreuses plantes, mais les pesticides et la culture intensive menacent les pollinisateurs naturels. ​
Cela entraîne notamment le déclin des abeilles. La disparition des pollinisateurs a potentiellement un impact considérable sur notre production alimentaire.​​

Regardez la vidéo ci-dessous pour comprendre l’importance de la pollinisation (1 min 22s).

La carte ci-contre montre l’évaluation de l’abondance potentielle de pollinisateurs en France. Celle-ci varie en fonction de la structure du paysage, de la couverture du sol (cultures, présence de forêts, de zones aquatiques, etc.) et des conditions.​
Si le sud de la France garde un potentiel élevé, plus on progresse vers le nord et plus ce potentiel diminue.


Partie 3 sur 3 : 3 - Quelles solutions pouvons-nous apporter à la crise de la biodiversité ?

Sous-partie 1 sur 5 : a. Des solutions fondées sur la nature

Si le déclin de la biodiversité a atteint un niveau alarmant, des solutions existent et elles sont nombreuses ! Parmi ces solutions, certaines permettent d’agir sur plusieurs points et de limiter le changement climatique tout en favorisant la restauration du vivant. ​
Explorons ces solutions…

Que sont les solutions fondées sur la nature ?

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les solutions fondées sur la nature correspondent aux « actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité ».

 Retournez les cartes pour découvrir les solutions fondées sur la nature qui se déclinent en trois types d’actions.

 Regardez la vidéo ci-dessous qui montre quelques exemples de solutions fondées sur la nature (1 min 26 s).

Partie 3 sur 3, sous-partie 2 sur 5 : b. Augmenter les aires protégées et les mesures de protection

À quoi servent les aires protégées ?

Les aires protégées jouent un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique. En France métropolitaine et dans les territoires d’outre-mer, les réserves et parcs nationaux, les sites classés, les réserves biologiques et les sites du Conservatoire du littoral constituent des aires protégées avec des statuts différents, dans lesquelles les mesures de protection varient énormément. ​
Selon l’aire protégée, on applique des mesures de protection plus ou moins fortes qui vont jusqu’à supprimer totalement les pressions exercées par les activités humaines.​
L’aire protégée est en elle-même une solution fondée sur la nature : elle permet aux écosystèmes d’évoluer librement, aux populations locales d’organismes de bien se développer, voire d’enrichir les zones adjacentes non protégées.​

Regardez la vidéo ci-dessous de 2019 consacré à l’île de Clipperton (2 min 20 s).

L’île de Clipperton est un atoll corallien de l’océan Pacifique de 3,7 km², situé à 1 000 km de la côte mexicaine. Malgré son isolement, cet îlot désert, qui subit les effets de la pollution et du réchauffement climatique, est un écosystème où de nombreuses espèces sont menacées.
En 2016, ce territoire français est devenu une aire marine protégée.

Quels sont les objectifs et les missions du Conservatoire du littoral ?

Le Conservatoire du littoral a pour mission de préserver des milieux naturels et des paysages remarquables et menacés, de veiller à leur évolution face au changement climatique, tout en les rendant accessibles au public et en y permettant des activités durables (agriculture, loisirs, etc.)
Pour cela, le conservatoire dispose de moyens pour acquérir des terrains en bord de mer, pour les gérer, les entretenir et les animer.

Regardez la vidéo ci-dessous qui présente le Conservatoire du littoral (1 min 4 s).

Un site Natura 2000 près de chez vous ?

Le réseau européen Natura 2000 rassemble des sites choisis pour la protection d’habitats et d’espèces représentatifs de la biodiversité européenne. En France, le réseau compte plus de 1 700 sites Natura 2000 terrestres et marins. La démarche du réseau Natura 2000 consiste à concilier la sauvegarde d’un écosystème et d’espèces particulières avec les activités humaines.

Découvrez les sites classés Natura 2000 et les espèces qu’ils protègent grâce à une carte interactive sur le site Natura 2000 (nouvel onglet).

Partie 3 sur 3, sous-partie 3 sur 5 : c.  Gestion durable de la biodiversité et des écosystèmes

La crise de la biodiversité peut être combattue par une gestion durable des écosystèmes, notamment dans les domaines de l’agriculture et la pêche. ​
L’agroécologie est une solution durable qui permet de protéger la biodiversité et les écosystèmes. Il s’agit de concevoir une production agricole diversifiée et moins impactante pour l’environnement. Par exemple en diminuant les produits phytosanitaires, en préservant l’eau et les sols, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.​​

Regardez la vidéo ci-dessous éditée par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) (1 min 16 s).

 Qu’est-ce que l’agroécologie ?


L’agroécologie est une des solutions au réchauffement climatique et à la sécurité alimentaire.​ D’une part, elle suit un modèle « équitable » (les paysans sont mieux rémunérés pour leur travail) : C’est une forme d’agriculture que peuvent pratiquer les petits paysans et elle peut apporter la prospérité à ceux qui la pratiquent au Sénégal.​ D’autre part, c’est une forme d’agriculture durable : elle utilise des fertilisants naturels fabriqués par les paysans eux-mêmes, comme le compost qui permet d’augmenter les rendements et la qualité des produits.​

Quelles solutions pour une pêche durable ?

La pêche industrielle fournit une grande quantité de nourriture pour les humains, mais elle peut mettre en danger la biodiversité et les écosystèmes marins. Certaines pratiques de pêche non durables, telles que le chalutage de fond, peuvent détruire l’habitat marin et entraîner la capture non sélective de nombreuses espèces. Pour assurer une pêche durable, les gouvernements peuvent soutenir les pêcheurs en mettant en place des quotas de pêche, des aires marines protégées, avec des mesures de protection fortes, des écolabels et en utilisant la recherche scientifique pour guider les pratiques de pêche responsables.​

Partie 3 sur 3, sous-partie 4 sur 5 : d. Droit de l’environnement

Outre les solutions fondées sur la nature, il est important de faire évoluer les normes, le droit ou la fiscalité pour encourager les usages durables et réduire au maximum ceux qui ont un effet néfaste sur la biodiversité.
Voici quelques exemples.

Le préjudice écologique

Un an après l’adoption du traité international de l’Accord de Paris, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages est adoptée en 2016.​
Parmi les mesures phares, le droit de l’environnement français reconnaît dorénavant le préjudice écologique. Cela signifie que la dégradation d’un écosystème (et des services écosystémiques) constitue un préjudice objectif et permet à toute personne physique ou morale de demander réparation de dégâts environnementaux.

L’interdiction des néonicotinoïdes

Les néonicotinoïdes ont été interdits en 2018 en raison de leurs sévères effets négatifs sur les pollinisateurs.​

Cependant, les producteurs français de betteraves sucrières ont bénéficié jusqu’à fin 2022 d’une dérogation pour continuer d’utiliser ces puissants insecticides, souvent par mesure préventive, contre un puceron qui transmet une maladie. Cette mesure a été suspendue en 2023. ​

Les études scientifiques ont démontré l’extrême toxicité de ces produits chimiques qui représentaient encore 34 % du marché français des insecticides en 2016. En plus de décimer les insectes, ces pesticides se diffusent durablement dans le sol et l’eau et finissent par se retrouver en dehors des zones traitées dans l’environnement.

Regardez la vidéo pour comprendre pourquoi il est important d’interdire les pesticides et en quoi ils sont responsables du déclin des abeilles (2 min 5 s).

La fiscalité pour lutter contre la crise de la biodiversité

Parmi les actions favorables à la biodiversité, certains avantages fiscaux sont alloués aux exploitations agricoles afin de soutenir les pratiques vertueuses pour l’environnement. En France, il existe par exemple un crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique. Ce type d’outil vise à faire évoluer les comportements des entreprises et des consommateurs pour les rendre plus respectueux de la biodiversité.

Partie 3 sur 3, sous-partie 5 sur 5 : e. Impliquer collectivement et positivement les personnes

Comment sensibiliser le public aux enjeux climatiques et écologiques ?

Voici trois moyens efficaces.

  • L’éducation : l’école joue un rôle essentiel dans la sensibilisation des futurs citoyens aux questions environnementales. En France, les enseignements relatifs au changement climatique, à la crise de la biodiversité et au développement durable ont été renforcés dans le primaire et le secondaire.​
  • La formation : des formations permettant de s’initier aux questions environnementales sont déjà proposées dans le monde du travail, de la formation professionnelle et dans l’enseignement supérieur. Par exemple, le gouvernement français a annoncé un plan de formation à destination de 25 000 cadres supérieurs de la fonction publique.​
  • La « reconnexion » : le confinement a permis à de nombreux Français de prendre conscience de leur attachement à la nature. La fréquentation de la nature, l’émerveillement qu’elle peut produire, sont des conditions qui favorisent une meilleure implication de chacun dans la lutte contre le réchauffement climatique et la crise de la biodiversité. Des projets de végétalisation et la création de parcs et de jardins en ville participent également à cet effort de reconnexion des citoyens avec la nature.

Regardez cette vidéo d’un reportage sur une classe verte en Alsace (1 min 16 s).

La crise de la biodiversité est due, comme le réchauffement climatique, aux activités humaines. Aujourd’hui, elle connaît une aggravation sans précédent car la destruction des écosystèmes et le déclin des espèces s’effectuent à un rythme accéléré. Selon l’IPBES, un million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction d’ici quelques décennies ! La 6e extinction de masse a commencé…​

Le déclin de la biodiversité a plusieurs causes : la destruction des habitats, la propagation d’espèces envahissantes, la pollution sous toutes ses formes, la surexploitation d’espèces par l’agriculture et la pêche notamment et le dérèglement climatique. Or, les crises de la biodiversité et du climat sont liées : il faut donc les affronter en même temps. ​

Face à ce constat, nous avons les moyens d’agir. Les « solutions fondées sur la nature » garantissent la protection de la biodiversité et le bien-être humain grâce à une gestion durable des écosystèmes. Mais ces solutions ne seront efficaces que si elles sont portées par la société dans son ensemble.

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