5 - Société et futurs

Dans les précédents chapitres, vous avez acquis des connaissances sur le réchauffement climatique. À partir des recherches scientifiques, le GIEC et l’IPBES ont synthétisé les causes et les conséquences de ce réchauffement climatique sur les sociétés humaines et sur la biodiversité, ainsi que des leviers d’action pour y faire face.​

Dans ce chapitre, vous allez découvrir une démarche différente : pour mieux se projeter dans une société neutre en carbone, des travaux ont été réalisés par l’ADEME, qui les a traduits en quatre scénarios. Ce sont ces quatre chemins possibles pour atteindre la neutralité carbone que vous allez explorer. ​

Dans un deuxième temps, vous découvrirez des exemples de transformations menées dans certains territoires et pour certains secteurs, qui peuvent constituer des sources d’inspiration.​

  • Objectif :

    découvrir quatre chemins possibles pour atteindre la neutralité carbone.

  • Durée :

    1 h 15

Partie 1 sur 4 : 1 - Quatre scénarios vers la neutralité carbone

Sous-partie 1 sur 5 : a. Une réflexion à l'horizon 2050

Les rapports du GIEC sont formels : pour limiter les conséquences dues au changement climatique, nous devons diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre afin d’atteindre la neutralité carbone. ​

Atteindre la neutralité carbone en 2050 limiterait le réchauffement climatique en 2100 à + 2,1 °C. Mais pour atteindre cet objectif, nous devons agir vite et cela demande des transformations profondes, un changement de modèle de société.​

Concrètement, cela signifie : ​

  • atténuer le réchauffement climatique en agissant sur les causes, c’est-à-dire en réduisant fortement les GES ; ​
  • s’adapter à ce réchauffement climatique en agissant pour faire face aux conséquences.​

[Crédit 1]

Dans ce chapitre, nous allons nous projeter dans un futur neutre en carbone. Et pour cela, nous avons fait le choix d’utiliser les scénarios réalisés par l’Agence de la transition écologique (ADEME). Avant de commencer, découvrons ce qu’est l’ADEME.​

L’ADEME, l’Agence de la transition écologique, est un établissement public dont la mission est d’accompagner la transition écologique auprès de tous les acteurs privés et publics. Elle apporte notamment son expertise aux pouvoirs publics, aux collectivités locales et aux entreprises. Avec ses 1 000 salariés répartis sur l’ensemble du territoire français, elle couvre un vaste champ d’action qui va de l’expertise scientifique au financement de projets, en passant par le conseil, la prospective, la formation.

En partant de données scientifiques, l’ADEME propose quatre scénarios qui représentent quatre chemins possibles pour conduire la France vers la neutralité carbone en 2050. Chacun de ces scénarios repose sur des transformations qui forment un ensemble cohérent : ​

  • une société frugale où la consommation est restreinte ;​
  • une société basée sur des coopérations entre les territoires pour une économie localisée avec une consommation maîtrisée ;​
  • une société centrée sur les technologies vertes ;​
  • une société qui fait le pari de l’innovation technologique en espérant que ce soit un pari réparateur.

Ces quatre scénarios s’articulent autour de deux axes : la sobriété et l’innovation technologique.​

La sobriété, c’est-à-dire la modification des comportements vers une consommation proche des besoins et moins impactante sur l’environnement. Ce sont par exemple des achats de biens maîtrisés, durables et réparables, une économie du partage, une priorité donnée aux déplacements doux et aux transports décarbonés, des changements vers une alimentation moins carnée, etc.

L’innovation technologique, c’est-à-dire le développement de procédés nouveaux ou significativement plus efficients que ceux déjà utilisés. Ce sont par exemple de nouvelles sources d’énergie non carbonées, de nouveaux matériaux de construction consommant moins de matières premières, des moteurs (véhicules et industrie) plus efficients, etc.​

Les scénarios sont illustrés par quatre podcasts réalisés par l’ADEME. Il s’agit de fictions qui présentent des choix très marqués et des orientations contrastées d’un scénario à l’autre. Ils permettent ainsi à chacun de s’imaginer une vie quotidienne dans les différents modèles de société permettant d’atteindre la neutralité carbone, et de découvrir les choix sur lesquels ils sont fondés.​

Partie 1 sur 4, sous-partie 2 sur 5 : b. Une société frugale

Scénario 1​

Nous sommes en 2050, à Lyon. La France a réussi à atteindre la neutralité carbone. Installée autour d’une table de restaurant, une famille discute de la vie dans cette société frugale.​

Écoutez ce document audio qui nous projette dans une société frugale (4 min 14 s).

Cette scène décrit une société où les modes de vie ont évolué en profondeur : l’extension urbaine et la construction d’habitations neuves ont été fortement limitées grâce à la réhabilitation de tous les bâtiments vacants et à la rénovation massive de l’existant. Les départs des grandes villes ont permis le développement de villes moyennes et petites. Les déplacements sont fortement réduits et plus de la moitié d’entre eux se font à pied et à vélo. L’agriculture est à 70 % à faible niveau d’intrants (dont 50 % de bio).​

[Crédit 3]

Pour mieux vous représenter les principales évolutions de la société dans ce scénario, répondez aux questions suivantes.​


Ce scénario montre une société qui va vers plus de mutualisation des ressources, une consommation de viande a été réduite des deux tiers et une amélioration de la santé.​

Dans ce scénario, la transformation est conduite principalement par la sobriété. Des transformations importantes dans les façons d’habiter, de se déplacer, de se chauffer, de s’alimenter, d’acheter et d’utiliser des équipements, permettent l’atteinte de la neutralité carbone uniquement avec les puits naturels de carbone que sont les forêts et les sols.​

En bref : une consommation fortement réduite est synonyme de besoins énergétiques moins importants, donc d’émissions de GES moins fortes. La nature peut alors absorber l’ensemble des GES émis.​

Pour aller plus loin

Pour aller plus loin et approfondir vos connaissances sur ce scénario 1, vous pouvez consulter l’infographie de l’ADEME.

Partie 1 sur 4, sous-partie 3 sur 5 : c. Des coopérations territoriales

Scénario 2

Nous sommes en 2050, à Nantes. La France a réussi à atteindre la neutralité carbone. Deux personnes discutent, dans un espace de partage, d’une société de « coopérations territoriales ».

Écoutez ce document audio qui décrit le scénario « coopérations territoriales » (4 min 9 s).

L’échange entre ces deux personnes décrit une société caractérisée par le partage et l’échange : équipement électroménager contre un cours, participation à l’entretien de jardins partagés contre fruits et légumes gratuits, alimentation peu carnée. Les espaces de commerce sont aussi des lieux de rencontre, certains bâtiments sont multiusage. L’économie de proximité favorise les déplacements courts, décarbonés.​

[Crédit 5]


Pour mieux vous représenter les principaux éléments de ce scénario, répondez aux questions suivantes.​


Dans ce scénario, les logiques de consommation ont été remplacées par des logiques d’échanges de biens et de services.​ L’utilisation des bâtiments a, par exemple, évolué vers des usages plus mutualisés.​ La consommation de viande a été réduite de 50 %.​

Dans ce scénario, la société se transforme dans le cadre d’une gouvernance partagée et de coopérations territoriales entre organisations non gouvernementales, institutions publiques, secteur privé et société civile.​

Pour atteindre la neutralité carbone, la société mise sur une évolution progressive mais à un rythme soutenu du système économique vers une voie durable alliant sobriété et efficacité. La consommation de biens devient mesurée et responsable, le partage se généralise. Se met en place une économie de la fonctionnalité où l’usage prime sur la propriété.​

La neutralité carbone est atteinte presque uniquement grâce aux puits naturels de carbone que sont les forêts et les sols.​

En bref : les usages partagés et la coopération entraînent une consommation bien moins importante et plus efficace. Les émissions de GES, diminuées, sont alors compensées par les puits naturels.​

Pour aller plus loin

Pour aller plus loin et approfondir vos connaissances sur ce scénario 2, vous pouvez consulter l’infographie de l’ADEME.​

Partie 1 sur 4, sous-partie 4 sur 5 : d. Des technologies vertes

Scénario 3

Nous sommes en 2050, à Marseille. La France a réussi à atteindre la neutralité carbone. Suivons un couple au cours d’une visite immobilière dans une société de technologies vertes.

Écoutez ce document audio qui décrit le scénario « technologies vertes – 50 nuances de vert » (4 min 32 s).

L’histoire nous emmène dans une société où l’on construit beaucoup de bâtiments neufs, où la voiture individuelle, puissante, domine les déplacements. De l’aménagement urbain à l’alimentation, les progrès technologiques décarbonés accompagnent le quotidien dans une ville connectée où les services rendus par la nature sont optimisés.​

[Crédit 7]

Pour mieux vous représenter les principaux éléments de ce scénario, répondez aux questions suivantes.


Dans ce scénario, les technologies vertes permettent d’optimiser l’utilisation des énergies ou des matériaux.​ Dans le secteur du bâtiment s’est mis en place un nouveau cycle de déconstruction / reconstruction avec de nouvelles normes environnementales.​ La consommation de viande a été réduite de 30 %.

Dans ce scénario, le développement technologique joue un plus grand rôle que la sobriété pour répondre aux défis environnementaux. Dans ce monde de « croissance verte », les métropoles se développent et sont en concurrence. Les technologies qui permettent l’efficacité énergétique sont disponibles dans tous les secteurs et accessibles de manière généralisée aux populations solvables. La biomasse est très sollicitée et les puits naturels de carbone ne suffisent plus pour atteindre la neutralité carbone : le recours aux technologies de captage et stockage de CO₂ est nécessaire.​

En bref : un développement technologique accroît la capacité à capter et stocker le carbone et permet l’efficacité énergétique. Il compense les émissions de GES issues d’une forte consommation. ​

Pour aller plus loin

Pour aller plus loin et approfondir vos connaissances sur ce scénario 3, vous pouvez consulter l’infographie de l’ADEME.​

Partie 1 sur 4, sous-partie 5 sur 5 : e. Un pari réparateur

Scénario 4

Nous sommes en 2050, à la montagne. La France a réussi à atteindre la neutralité carbone. Nous suivons un couple qui vient d’arriver en vacances à la montagne dans cette société qui compte sur un « pari réparateur ».​

Écoutez ce document audio qui décrit le scénario « pari réparateur technologique » (4 min 48 s).

C’est la haute montagne mais l’environnement est hyper-connecté et artificialisé, la viande est de synthèse, les serveurs sont remplacés par des robots, le paysage par un écran panoramique : les voyages se font en réalité virtuelle ou en avion… à condition d’avoir les moyens de compenser sa dépense carbone ! ​

[Crédit 9]


Pour mieux vous représenter les principaux éléments de ce scénario, répondez aux questions suivantes.


Dans ce scénario, les voyages à longue distance ont augmenté.​Les activités humaines s’appuient beaucoup sur l’automatisation, les technologies et les applications numériques, comme dans le domaine de la santé.​

Dans ce scénario, il ne s’agit pas de transformer les modes de vie ou les systèmes productifs du début du 20e siècle mais simplement d’en réparer les dégâts. Le système économique reste basé sur la production et la consommation de masse, avec des impacts forts pour l’environnement. ​

​Pour atteindre la neutralité carbone, la société mise sur deux leviers : ​

  • l’innovation technologique, et notamment les solutions de captage et de stockage du carbone. Mais il s’agit d’un pari dans la mesure où certaines de ces technologies ne sont pas matures ou n’existent pas encore ; ​
  • la révolution numérique, qui doit permettre d’optimiser certains usages (dans les secteurs du transport ou du logement par exemple). Mais là encore, les impacts de ces nouveaux outils restent difficiles à évaluer. ​

En bref : pour faire face à une consommation massive d’énergie et de ressources, la société fait un pari – celui de la technologie – pour espérer en compenser les effets et atteindre la neutralité carbone. ​

Pour aller plus loin

Pour aller plus loin et approfondir vos connaissances sur ce scénario 4, vous pouvez consulter l’infographie de l’ADEME.

Partie 2 sur 4 : 2 - Comparaison des scénarios

Sous-partie 1 sur 5 : a. L’alimentation

[Crédit 10]


« Concrètement, ça va changer quoi
dans mon assiette ? »​

Dans les scénarios 1 et 2, nos modes d’alimentation évoluent : notre alimentation redevient beaucoup plus locale et suit les saisons. ​
Elle utilise des produits peu transformés et 2 à 3 fois moins de viande. La part du bio ou avec peu de produits de synthèse augmente considérablement (de 50 à 70 %) car l’État fixe des contraintes et aide financièrement pour faire baisser les prix. L’agriculture devient moins intensive et utilise moins de produits phytosanitaires (engrais, pesticides, etc.).​
Les produits importés, comme le chocolat, le thé ou le café, sont deux fois moins consommés. ​

Dans le scénario 3, les contraintes sont moins fortes : si on diminue un peu la part de viande (- 30 %), on continue d’importer des produits et la production de produits bio se fait sans contraintes ni aides. L’agriculture doit par contre s’intensifier davantage pour continuer à produire suffisamment malgré le réchauffement climatique.​

​Le scénario 4 prévoit une agriculture spécialisée avec des échanges mondiaux. Il y a quelques produits nouveaux comme les protéines de synthèse à base d’insectes, les viandes de laboratoire ou des protéines végétales ultra-transformées mais en faible part : la technologie permet alors de compenser les coûts et/ou les difficultés de production des aliments plus traditionnels.​

« Mais alors pourquoi changer ?
Les scénarios 3 et 4 m’ont l’air très bien, et
en plus je ne connais pas de recettes végétariennes ! »​

[Crédit 11]

Dans les scénarios 1 et 2, il y a effectivement des contraintes culturelles sur la consommation de viande. Mais c’est aussi un levier très fort de réduction d’émissions de GES, qui agit à plusieurs niveaux : émissions de méthane, biodiversité, bien-être animal, etc.​

De plus, si la consommation de viande diminue significativement dans trois scénarios sur quatre, c’est aussi parce que les co-bénéfices pour la santé publique, l’eau, la biodiversité sont importants.​

​Certes, l’agriculture doit se transformer en profondeur, mais c’est un secteur qui a déjà montré des grandes capacités d’innovation et d’adaptation par le passé et qui peut s’appuyer sur des aides de l’État.​

​Comme on le voit dans le scénario 2, consommer moins de produits transformés signifie cuisiner davantage et donc apprendre de nouvelles recettes, pourquoi pas végétariennes, avec ses voisins, ses amis, dans des réseaux d’échanges, etc.​

Si les quatre scénarios mènent à la neutralité carbone, la pression sur les ressources est plus importante dans les scénarios 3 et 4 : par exemple, en lien avec l’alimentation, les besoins très importants d’eau dans l’agriculture intensive.​

Partie 2 sur 4, sous-partie 2 sur 5 : b. La ville et l’habitat

[Crédit 12]

« Dans ma ville, on a déjà beaucoup de travaux. Ces scénarios en prévoient-ils davantage ? »

Cela dépend de la définition qu’on donne au mot « travaux ». Mais ce qui est sûr, c’est que la ville va devoir se transformer quel que soit le scénario envisagé.​

​Il est très important de faire entrer plus de verdure dans nos espaces urbains pour conserver des îlots de fraîcheur et laisser l’eau de pluie pénétrer dans le sol. Dans les cas des scénarios 1 et 2, ce sont des solutions privilégiées à plus ou moins grande échelle. Il y a également un désintérêt pour les grandes villes au profit des villes moyennes, petites, voire des zones rurales, ainsi qu’une faible part de constructions neuves permettant de limiter l’artificialisation. ​

La ville sera également densifiée, avec des solutions différentes selon les scénarios : occupation partagée des locaux, surélévation des immeubles existants, rénovation énergétique du bâti ancien…​

Les scénarios 3 et 4, au contraire, font le choix d’étaler la ville : elle devient métropole, où des programmes de démolition/reconstruction sont plus favorisés que la rénovation énergétique. C’est une hypothèse qui prend en compte le coût important de la rénovation de l’ancien et des technologies émergentes.​

Dans une ville plus étalée, avec des logements mieux conçus pour résister aux futures canicules, la nature sera moins présente, au profit de sols plus artificiels plus aptes à accueillir des transports urbains ou étudiés pour drainer les pluies ruisselantes. ​

« Mais pourquoi densifier davantage ?
Les villes ne sont-elles pas déjà surpeuplées ? »​

[Crédit 13]

Densifier la ville permet de limiter l’artificialisation, mais aussi d’accéder facilement à tous les commerces et services de proximité. Dans les scénarios les plus sobres, il s’agit de pouvoir se déplacer à pied ou à vélo, en 15 minutes, pour se rendre au travail, à l’école ou faire ses courses. C’est aussi éviter l’empiètement de la ville sur les terres agricoles en redistribuant l’espace qui est déjà occupé.

Dans le cas de l’étalement de la ville, c’est au maximum un tiers des déplacements qui se font via les mobilités douces. Cet étalement génère plus de déplacements, d’embouteillages et donc d’émissions associées. Les réseaux de transports en commun se développent, ainsi que les voitures électriques. Celles-ci sont mieux conçues et moins lourdes qu’aujourd’hui, ce qui limite la taille des batteries et l’impact de leur fabrication sur les ressources. ​

​Dans les scénarios 3 et 4 cependant, la ville prend une place centrale dans l’occupation du territoire par les populations : elle permet des économies d’échelle importantes et donc le développement d’infrastructures pour se déplacer collectivement ou individuellement, de réseaux d’échanges humains, de réseaux haut débit pour favoriser le télétravail, etc. ​

Partie 2 sur 4, sous-partie 3 sur 5 : c. Les mobilités

[Crédit 14]

« J’ai entendu dire qu’on ne pourra plus se déplacer en avion. Mes enfants ne pourront donc pas voyager à l’étranger ? »​

Seuls les scénarios 3 et 4 conservent d’importantes mobilités longue distance par voie aérienne. Les déplacements fréquents en avion sont aux deux tiers décarbonés grâce à l’utilisation de substituts de kérosène issus de la biomasse.​

​Les déplacements longue distance seront aussi conservés dans les scénarios 1 et 2, mais deviendront beaucoup moins fréquents. En effet, les longs trajets se feront plutôt en train, avec notamment un nouveau développement des trains de nuit, etc. Voyager prendra plus de temps, et la question du déplacement pour les vacances se posera sans doute très différemment. Rappelons quelques chiffres : pour atteindre la neutralité carbone, chacun d’entre nous devra émettre moins de 2 tonnes de CO2 par an. Un aller-retour Paris-New-York en avion représente 1,77 tonne de CO2. ​

​Pour ce qui est du domaine professionnel, la généralisation du télétravail dans les secteurs qui le permettent réduira considérablement les déplacements à longue distance ou dans le quotidien. ​

​Selon les scénarios, on se dirige également vers plus ou moins de transports « actifs ». C’est pourquoi l’aménagement urbain est si important : pour réduire les déplacements à 15 minutes maximum, on peut rapprocher nos lieux de travail, de commerce, d’activité de nos habitations.​

« Enfin, quand même, à mon âge, la trottinette électrique, ça n’est pas bien sérieux ! »​

[Crédit 15]


Des transports moins émetteurs de GES doivent être adaptés aux personnes pour s’implanter durablement dans notre quotidien. C’est pourquoi les scénarios 1 et 2 proposent des aménagements où tout se trouve à 15 minutes environ : vous pouvez choisir le vélo, la trottinette, la marche, etc. sur des voies sécurisées mais aussi des transports en commun performants pour vous déplacer et avoir ainsi une mobilité sans voiture ou pour des usages restreints au nécessaire. ​

​La voiture devient d’ailleurs électrique dans tous les scénarios, c’est son usage qui va présenter des différences. Si elle remplace la voiture à moteur thermique dans le scénario 4, ses usages restent les mêmes, avec encore peu de covoiturage, beaucoup de kilomètres parcourus… et les mêmes embouteillages qu’aujourd’hui. Le scénario 3 introduit plus de covoiturage et les scénarios 1 et 2 s’appuient davantage sur sa limitation. ​

​Avec les progrès de la technologie, on peut aussi envisager des voitures automatiques sans chauffeur, qui pourraient être partagées pour des trajets communs, grâce à des applications sur les smartphones (scénario 4). Quoi qu’il en soit, ces véhicules électriques devront être plus légers, utiliser une électricité décarbonée et fonctionner avec des batteries moins consommatrices de ressources.​

Partie 2 sur 4, sous-partie 4 sur 5 : d. Les modes de consommation

[Crédit 16]

« J’essaie déjà de faire attention à ce que j’achète mais ce n’est pas évident de s’y retrouver. Comment ça va se passer dans quelques années ? »​

Examiner ses choix de consommation permet de prolonger la vie de nos produits, de ne consommer que ce dont on a vraiment besoin, et prendre en compte les modes de production et la provenance des produits que l’on achète permet de faire des choix pour réduire son empreinte carbone et son empreinte matières.​

​Faire le choix du partage, de la location de biens, de la seconde main, de matériaux recyclés, de la production locale, de produits éco-conçus, ce sont toutes ces possibilités qui sont plus ou moins développées dans les scénarios 1, 2 et même 3. ​

Il s’agit là d’un choix qui engage les individus, mais aussi la société tout entière : il implique de changer des modes de production, de reconstruire des filières industrielles, de réglementer ces nouveaux rapports d’échanges en dehors des schémas commerciaux habituels…​

Le scénario 4 est le seul qui envisage de conserver nos modes de consommation actuels, en perpétuelle augmentation. Mais il est sans doute celui qui mise le plus sur l’incertitude, puisqu’il s’appuie sur des technologies à développer. Cette question montre bien que se préoccuper de ses choix de consommation permet d’envisager d’autres possibilités.

« Consommer, c’est aussi montrer qu’on fait partie de la société… »​

[Crédit 17]

Il peut être difficile de se projeter sur les scénarios les plus sobres : on a soudainement l’impression que nous allons devoir nous priver de tout et renoncer à tout ce qui nous fait plaisir ! Et cela nous semble très injuste par rapport aux générations précédentes. ​

​Notre société valorise aujourd’hui l’opulence, nous avons du mal à entendre ce qui serait une injonction à la sobriété pour ceux qui consomment au-delà de leurs besoins. C’est sans doute le plus difficile pari des scénarios 1 et 2, celui d’aller chercher des solutions et des changements profonds au-delà de nos représentations, de notre culture. Les aspects positifs ne manquent pourtant pas, que ce soit des bénéfices de santé, d’enrichissement de la vie sociale, du partage.​

​À l’inverse, les scénarios 3 et 4 nous semblent plus faciles, plus supportables car ils semblent moins toucher à nos représentations sociales. Cependant, si nous les regardons de plus près, ils impliquent également des changements en profondeur dans nos modes de vie, avec beaucoup plus de technologie et de surveillance individuelle.

Partie 2 sur 4, sous-partie 5 sur 5 : e. Quels enseignements tirer de ces scénarios ?​

Des choix de société bien différents… ​

Atteindre la neutralité carbone est encore possible, mais repose sur des paris humains et/ou technologiques forts. ​

  • ​Les scénarios 1 et 4 apparaissent plus risqués : le scénario 1 « génération frugale » peut sembler moins acceptable socialement et présenter un risque de division dans la société, et le scénario 4 « pari réparateur » présente un fort risque de faisabilité technique. ​
  • Les scénarios 2 et 3 sont plus équilibrés, reposant, avec des poids différents, sur des comportements plus sobres et des solutions techniques.​
  • Si les quatre scénarios permettent d’atteindre la neutralité carbone, la pression sur les ressources naturelles varie considérablement d’un scénario à l’autre : ainsi, le scénario 4 nécessite plus du double d’eau pour l’irrigation de son agriculture intensive que le scénario 1.

Mais des points communs sur les transformations à engager… ​

Mais quel que soit le scénario retenu, il faut agir immédiatement car les transformations sociales et/ou techniques à mener sont de grande ampleur : ​

    • la demande en énergie devra baisser par des comportements plus sobres et/ou des équipements et des machines plus efficaces. La neutralité carbone passe par une modification radicale des modes de vies et des systèmes productifs. Le modèle industriel français doit être repensé également pour produire plus localement tout en conservant sa compétitivité ;​
    • les énergies fossiles devront très fortement diminuer pour atteindre la neutralité carbone, et au moins 70 % du mix énergétique devra être constitué d’énergies renouvelables ;​
    • le mode d’alimentation devra être durable : la question du changement de notre agriculture et de notre régime alimentaire ne pourra pas être écartée ;​
    • le secteur du bâtiment est un levier de changement incontournable : la ville, l’habitat et les mobilités devront être repensés de façon systémique et collective ;​
    • la préservation du vivant et des puits naturels de carbone est indispensable.

Regardez l’extrait d’une vidéo de l’ADEME – Transition(s)2050 : les 4 scénarios prospectifs de l’ADEME (1 min 19 s)​.

Ce que nous disent les scénarios de l’ADEME

Quel que soit le scénario, les changements à opérer pour aller vers la neutralité carbone sont de profondes évolutions de la société dans son ensemble. Dans ces quatre scénarios, les choix individuels et collectifs effectués dans les années à venir sont déterminants pour atteindre cet objectif de neutralité carbone.​

​Ces quatre modèles de société sont bien différents et les modes de vie qui y sont présentés peuvent paraître difficiles à envisager. Certains de ces choix peuvent même nous paraître assez radicaux, mais ils présentent aussi des bénéfices pour notre santé, notre cadre de vie, nos rapports aux autres, etc. ​

À travers cet exercice, l’ADEME nous livre enfin un message essentiel : ces scénarios ne représentent pas un catalogue de solutions dans lequel on pourrait piocher, retenir certaines parties et en écarter d’autres. L’enjeu est de faire des choix d’ensemble, articulés entre eux, qui permettent d’entraîner toute la société vers un nouveau modèle. Agir aujourd’hui, c’est préserver notre liberté de choix et organiser collectivement cette transformation plutôt que de la subir. ​

Partie 3 sur 4 : 3 - Des exemples de transformation inspirants

Comme on l’a vu, les scénarios de l’ADEME permettent de nous projeter dans différents modèles de sociétés neutres en carbone. Pour chacun d’entre eux, les transformations sont profondes et concernent tous les secteurs (mobilité, logement, aménagement, alimentation, consommation…). On parle de modèles « systémiques ». ​

À ce jour, aucun pays ne semble avoir accompli une transformation de ce type, mais cela ne veut pas dire que nous ne progressons pas. Un peu partout dans le monde, des initiatives voient le jour et elles sont parfois très ambitieuses. ​

Les exemples suivants portent sur un secteur en particulier mais semblent fidèles aux grandes évolutions sociales ou techniques évoquées dans les scénarios de l’ADEME. Ils illustrent une transformation profonde à l’échelle d’un territoire donné. Ils peuvent donc constituer des sources d’inspiration à condition d’être approfondis ou complétés. ​

Partie 3 sur 4, sous-partie 1 sur 2 : a. Oslo : réorganisation des déplacements en centre-ville​

Si la Norvège est l’un des premiers producteurs de pétrole, la ville d’Oslo semble quant à elle engagée dans un programme ambitieux vers la neutralité carbone. Celui-ci combine sobriété et innovation technologique. Le projet de la ville vise à éliminer ses gaz à effet de serre en 10 ans. La capitale de la Norvège s’est engagée à réduire de 95 % ses émissions de gaz à effet de serre pour 2030. Pour mener à bien ce projet, la municipalité a déployé d’importants investissements pour réaménager le centre-ville et pour accompagner la population dans un changement de comportement.​

Principales mesures du projet mis en place par Oslo :​

  1. Développer des quartiers denses avec des commerces et des services à proximité ;​
  2. Développer un réseau de transport en commun rapide et étendu ;​
  3. Favoriser les déplacements à pied et à vélo dans le centre-ville, exclure les véhicules thermiques en remplaçant les parkings par des espaces publics ;​
  4. Utiliser des technologies de pointe pour récupérer et recycler la plupart de ses déchets.

Regardez cet exemple de projet ambitieux mis en place par la ville d’Oslo pour réduire les GES (3 min 38 s).​

Partie 3 sur 4, sous-partie 2 sur 2 : b. Californie : un accent mis sur les technologies vertes ​

Depuis les années 1920, la Californie exploite le pétrole de son sous-sol (4e État producteur de pétrole des USA en 2004). Dans cet État très peuplé, également premier État industriel des USA, le choix a été fait dans les années 2000 de miser sur l’économie verte. C’est ainsi que la Californie est devenue le premier État producteur et consommateur de produits issus de l’agriculture biologique, le premier État producteur d’énergies renouvelables et le premier État en matière d’équipement en véhicules électriques.​

Cette transformation, à l’échelle du territoire, repose toutefois quasi exclusivement sur la technologie. Le projet n’étant pas tourné sur la sobriété, l’empreinte carbone par habitant reste très élevée. ​

Regardez les vidéos sur la révolution verte en Californie : une transition énergétique gagnante.​

Partie 1 (2 min 21 s)

La Californie travaille depuis plusieurs années à décarboner les usages électriques. L’État vise ainsi une production électrique 100 % issue d’énergies renouvelables en 2045. Cela passe par des politiques ambitieuses d’équipements individuels en panneaux solaires par exemple, ou par le développement d’infrastructures collectives comme des lignes électriques pour acheminer la production de vastes champs d’éoliennes. ​

Un des aspects importants de l’investissement californien dans les énergies vertes passe par le développement des transports électriques. Là aussi, miser sur un investissement collectif dans les subventions à l’équipement individuel (changement de véhicule) est important au vu du coût actuel des voitures électriques. La prise en charge collective de l’équipement en bornes au domicile ou sur le réseau routier est également un facteur encourageant les changements de comportement. Pourtant, tout n’est pas si facile, comme nous le montre la vidéo.​

Partie 2 (1 min 50 s)

Partie 3 (1 min 25 s)

Un des leviers collectifs dans le cas de la Californie est la capacité d’innovation. L’État peut compter sur la présence sur son territoire de nombreuses entreprises technologiques de pointe. Développer de nouvelles batteries moins coûteuses, moins polluantes et moins gourmandes en ressources rares dans les prochaines années, participe au projet de changement californien en association avec des entreprises internationales.

Pour réussir ces transformations profondes de notre modèle de société, l’articulation des politiques publiques et des actions individuelles est primordiale. C’est parce que les citoyens porteront ces projets de transformation que les politiques publiques évolueront. Et c’est parce que les politiques publiques évolueront que les citoyens seront incités à agir individuellement. ​

L’objectif de la neutralité carbone est fondamental et nos actions doivent impérativement converger vers ce but. Mais le défi qui est devant nous n’est pas binaire ! Il ne s’agit pas d’un choix entre le tout et le rien, entre le succès et l’échec. Chaque degré et même chaque dixième de degré évité compte ! C’est d’ailleurs l’enseignement principal du dernier rapport du GIEC rendu en mars 2023. ​

Comme pour un malade qui a de la fièvre, la moindre variation de température peut faire la différence. Et chacun peut agir, individuellement ou collectivement, pour gagner ces dixièmes de degré vitaux. Pour accroître nos chances d’inverser la tendance, il faut la mobilisation de tous, chacun à son échelle, et sans attendre davantage. Le défi est immense mais nous pouvons le relever !​

Regardez la vidéo de Bpifrance avec Céline Guivarch, économiste, membre du Haut Conseil pour le Climat et autrice du 6e rapport du GIEC. Elle s’adresse ici à des entrepreneurs et leur expose une vision de notre société en 2052 (6 min 57 s).​

Partie 4 sur 4 : 4 - Agir

sous-partie 1 sur 2 : a. Par où commencer ?​

Si vous ne l’avez pas déjà fait, vous pouvez calculer votre empreinte carbone à l’aide de l’outil de l’ADEME sur le site Nos gestes Climat (nouvel onglet)​.​

[Crédit 24]

Vous pouvez aussi calculer l’empreinte carbone de tous vos gestes de la vie quotidienne, sur le site impact CO2 (nouvel onglet)​

[Crédit 25]

Partie 4 sur 4, sous-partie 2 sur 2 : b. Pour approfondir

Vous pouvez aussi découvrir les sites de l’ADEME : ademe.fr (nouvel onglet)​

[Crédit 26]

et mtaterre.fr (nouvel onglet)​, pour les étudiants, lycéens ou collégiens.

[Crédit 27]

Vous pouvez nous donner votre avis sur ce chapitre à travers ce formulaire en ligne.